à Paris, le 23 novembre 2012 (Photo : Eric Piermont) |
[27/03/2013 06:39:47] PARIS (AFP) Le groupe européen d’aéronautique et de défense EADS doit faire approuver mercredi par ses actionnaires une réforme des statuts qui lui permettra de mieux résister aux pressions des Etats qui l’ont fondé.
Ce qui n’empêchera pas ces derniers de continuer à essayer.
L’Allemagne, qui avait créé EADS avec la France et l’Espagne en 2000, a bloqué en octobre dernier un projet de fusion avec le fabricant d’armes britannique BAE Systems.
Cette épreuve de force avait mis en évidence la nécessité pour le groupe, d’envergure mondiale, de s’émanciper. Il est parvenu en décembre à un accord de réforme des statuts avec les gouvernements et les industriels français Lagardère et Daimler, qui contrôlaient ensemble plus de 50% du capital.
La nouvelle gouvernance, soumise mercredi à Amsterdam à une assemblée générale extraordinaire des actionnaires, limitera la participation des Etats à 28% du capital (France et Allemagne 12% chacune, Espagne 4%), et ne reconnaît aucun pouvoir sur les nominations ni les décisions industrielles du groupe.
Lagardère et Daimler vont pouvoir sortir du capital comme ils le souhaitaient. L’accord de gouvernance ne reconnaît aux Etats actionnaires qu’une “influence minimale, comparable à celle d’une golden share”, selon le directeur exécutif d’EADS Tom Enders.
En droit anglo-saxon, cette action spéciale donne à un Etat un droit de veto sur les décisions stratégiques où sa souveraineté est en jeu.
“Dans notre industrie, les gouvernements auront toujours une influence significative, qu’ils soient actionnaires ou pas”, a-t-il cependant reconnu lors de la présentation des résultats annuels du groupe en février, en évoquant le projet de fusion abandonné.
Les Etats ont d’ailleurs des moyens de pression, puisqu’ils soutiennent financièrement le lancement de nouveaux modèles d’avions et d’hélicoptères.
L’Allemagne suspend ainsi un prêt de 600 millions d’euros pour le développement du futur long-courrier A350 d’Airbus qu’elle s’était engagée à payer.
ésente les résultats annuels du groupe à Berlin, le 27 février 2013 (Photo : John Macdougall) |
Selon des sources proches du dossier, Berlin qui a du mal à accepter la prééminence de la France dans le secteur aéronautique, réclame l’installation sur son sol d’un centre de recherche d’une centaine d’ingénieurs.
La direction du groupe refuse au nom de la logique industrielle. “Nous continuons à discuter avec le gouvernement allemand”, dit le porte-parole en chef d’EADS Rainer Ohler. “Mais si nous ne parvenons pas à un accord, tant pis. Nous avons assez de cash”.
La trésorerie d’EADS s’élevait à 12,3 milliards d’euros à fin 2013.
Le souci serait que d’autres Etats, en difficultés financières, suivent l’exemple de Berlin. “L’Allemagne est la seule à ne pas respecter le calendrier de paiement”, souligne M. Ohler.
Le groupe fait valoir que ses administrateurs ont de même résisté aux souhaits de Paris de voir Anne Lauvergeon, ancienne patronne du groupe nucléaire français Areva, prendre la tête du conseil d’administration.
Suivant les recommandations du comité de nomination, c’est Denis Ranque, ancien PDG du groupe d’électronique de défense Thales qui doit être élu par le conseil d’administration de douze membres après l’assemblée générale.
Le conseil, formé de quatre Allemands, quatre Français, un Espagnol, un Britannique, un Américain et un Indien, devrait se réunir dès mercredi.
Les résolutions adoptées par l’assemblée générale n’entreront en vigueur qu’après quelques jours, peut-être même après Pâques (31 mars), le temps qu’elles soient inscrites au registre des sociétés des Pays-Bas, où EADS a son siège social.