à Londres, le 26 mars 2013 (Photo : Carl Court) |
[27/03/2013 09:58:05] LONDRES (AFP) Comme beaucoup d’adolescents, Nick D’Aloisio porte un jean troué et se fait gronder quand il ne range pas sa chambre. La différence est qu’à 17 ans, il peut se vanter d’avoir réalisé une petite fortune en vendant une application à Yahoo!
Le géant américain de l’internet a annoncé lundi l’achat de Summly, l’application que ce Londonien a mise au point pour faciliter la lecture d’informations de presse sur les téléphones mobiles.
Le montant du contrat n’a pas été dévoilé mais la presse britannique le situe autour de 20 millions de livres (23,6 millions d’euros), ce qui ferait de ce lycéen l’un des plus jeunes entrepreneurs millionnaires.
C’est à l’âge de 15 ans, alors qu’il révisait un examen d’histoire, que Nick D’Aloisio a imaginé Summly. Deux ans plus tard, il parle de parts de marché et de propriété intellectuelle avec l’assurance d’un PDG.
Le jeune homme brun aux cheveux ébouriffés, qui a reçu le soutien financier de l’acteur américain Ashton Kutcher et de l’artiste japonaise Yoko Ono, espère que l’accord conclu avec Yahoo! permettra à son application de toucher “des centaines de millions d’utilisateurs”.
“Yahoo! fait partie des grands noms historiques de l’internet”, souligne dans un entretien à l’AFP le jeune prodige, qui doit commencer à travailler dans les bureaux londoniens du géant américain dans les prochaines semaines.
Ses premiers pas dans les nouvelles technologies, Nick D’Aloisio les a faits à l’âge de “neuf ou dix ans”, quand ses parents, une avocate et un banquier, lui ont acheté son premier ordinateur portable.
Il apprend tout seul à faire du montage vidéo, puis se met à faire de la programmation. Pendant les vacances scolaires, il s’amuse à concevoir des applications, dans la maison familiale de Wimbledon, dans le sud de Londres.
A l’âge de 12 ans, il lance sa première application pour iPhone, “Finger Mill”. D’autres suivront, comme SongStumblr et Facemood. Cette dernière essayait de prédire l’humeur des utilisateurs de Facebook en se basant sur leurs statuts.
En 2011, il se fait remarquer en lançant Trimit, le précurseur de Summly, qui réduit de longs articles sur internet à des résumés de la taille d’un tweet.
L’application reçoit un accueil positif de la part de plusieurs blogs spécialisés et engrange rapidement des dizaines de milliers de téléchargements.
Ce qui lui vaut d’être un jour, à sa grande surprise, contacté par des représentants du milliardaire de Hong Kong Li Ka-shing.
“Ils m’ont pris à froid en m’envoyant un mail”, raconte Nick D’Aloisio qui finit par accepter un rendez-vous téléphonique, devant l’insistance de l’entourage du milliardaire.
à Londres, le 26 mars 2013 (Photo : Carl Court) |
“Ils ne savaient pas que j’avais 15 ans, j’ai dû le leur expliquer”, dit-il en souriant. “C’était effrayant. Ce n’était qu’un hobby, je ne m’attendais pas à cela. Mais en même temps, je n’avais rien à perdre, je n’avais que 15 ans”.
Avec les 300.000 dollars investis par Li dans Trimit, D’Aloisio se met à développer l’algorithme qu’il utilise dans son application pour rechercher les sujets-clés dans un article. Il travaille notamment en collaboration avec des scientifiques de l’université de Stanford.
Summly est finalement lancé en novembre 2012, pour le 17e anniversaire de son créateur.
Désormais très riche, le jeune homme n’envisage pas pour le moment de quitter le domicile familial ni de dépenser à outrance.
Peut-être achètera-t-il “un sac, ou des chaussures”. Mais “rien d’extravagant, je ne peux même pas acheter de voiture, je n’ai pas encore mon permis”, explique-t-il.
Ses parents, “très enthousiasmés” par son succès, veulent toutefois que leur fils garde les pieds sur terre. “Je m’attire toujours des ennuis si je ne range pas ma chambre”, assure-t-il.
A l’aube de sa collaboration avec Yahoo!, la plupart de ses amis se préparent pour le bac et l’université. Quant au jeune surdoué, qui espère un jour étudier la philosophie à Oxford, il devra réviser “en dehors des heures de bureau”.
Sur son avenir à plus long terme, le point d’interrogation imprimé sur son t-shirt résume son état d’esprit: “Je veux travailler pour d’autres entreprises”, dit-il, évoquant le secteur de l’intelligence artificielle. “On verra bien”.