Le groupe Kem One placé en redressement judiciaire

[27/03/2013 13:23:03] LYON (AFP) Le tribunal de commerce de Lyon a placé mercredi le groupe chimique Kem One en redressement judiciaire, fixant à six mois la durée d’observation, soit la durée maximale dans ce genre de procédure.

Dans son jugement rendu public mercredi, le tribunal de commerce a précisé que l’administrateur judiciaire qu’il a nommé, Me Bruno Sapin, aurait pour mission “l’administration entière de l’entreprise”, ce qui revient à en écarter son unique actionnaire, le financier américain Gary Klesch.

Cette décision répond aux demandes des organisations syndicales qui, évoquant une perte de confiance dans le groupe Klesch, avaient souhaité que Gary Klesch soit écarté de la gestion du groupe durant toute la période d’observation.

Outre la nomination d’un administrateur judiciaire, le tribunal de commerce de Lyon a également désigné deux experts judiciaires aux fins d’assister celui-ci dans sa mission de gestion du groupe.

L’un de ces experts est Me Laurence Lessertois qui, fin janvier, avait été chargée d’une mission de conciliation entre Kem One et ses principaux créanciers et partenaires, notamment Arkema et Total, en vue de trouver une solution aux difficultés de trésorerie rencontrées par Kem One. Aucun accord n’avait alors été trouvé.

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és de Kem One, dans leur usine à Fos-sur-mer, le 26 mars 2013 (Photo : Boris Horvat)

Pour les syndicats, dont les représentants étaient tous présents mercredi au tribunal de commerce de Lyon pour le rendu du jugement, ces nominations sont accueillis favorablement.

“Cela va permettre de mener une expertise financière, de suivre les flux financiers”, a indiqué Franck Zarbo (FO). “Financièrement, personne n’y retrouve ses petits, il faut établir une comptabilité complète de l’entreprise afin de rassurer les fournisseurs et les clients”, a renchéri Didier Chaix (CGT).

Les syndicats soupçonnent Gary Klesch, qui avait racheté le pôle vinylique d’Arkema pour un euro symbolique en juillet 2012 pour créer Kem One, d’avoir siphonné, via une filiale à Jersey, une partie des 100 millions de trésorerie accordés par Arkema pour assurer la pérennité de l’activité.

De leur côté, les dirigeants de Kem One se sont engagés à financer la période d’observation à hauteur de 10 millions d’euros prélevés sur la société Kem One Trésorerie.

Le préfet du Rhône Jean-François Carenco a indiqué mercredi à la presse: “Mon boulot avec le ministère, le maire de Lyon Gérard Collomb et l’administrateur judiciaire, sera de rassembler la trésorerie nécessaire pour que la période d’observation soit utile”.

Une des autres demandes des syndicats, qui souhaitaient que l’ensemble des activités du groupe et notamment les activités aval de transformation du PVC soient concernées par la procédure, n’a pas été évoquée par le tribunal, cette question devant être tranchée par l’administrateur judiciaire.

Le tribunal de commerce se réunira de nouveau le 9 avril pour une première audience intermédiaire, précise le jugement.

L’intersyndicale (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC) devrait appeler à des “actions” dès les prochains jours, ont indiqué mercredi les représentants de ces organisations, sans en préciser la nature.

Kem One, dont le siège est à Lyon, emploie 2.600 personnes dans 10 pays, dont 1.800 en France répartis sur plusieurs sites, principalement en Paca (Lavéra, Fos-sur-Mer, Saint-Auban) et dans la région lyonnaise (Saint-Fons, Balan).

Kem One a réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros, selon le site du groupe.