[02/04/2013 15:25:10] WASHINGTON (AFP) Le président de la Banque mondiale (BM), Jim Yong Kim, a fixé l’objectif mardi de faire disparaître “l’extrême pauvreté” sur le globe d’ici à 2030, tout en reconnaissant que ce cap demandera des “efforts extraordinaires” et une accélération de la croissance économique.
“Un monde débarrassé de la pauvreté et de l’exclusion économique est à notre portée (…). Atteindre cet objectif demandera des efforts extraordinaires. Mais qui peut encore douter que cela en vaille la peine?”, a déclaré M. Kim à Washington, lors d’un discours à l’université de Georgetown.
Le patron de la BM dévoile ainsi sa première annonce d’envergure depuis sa prise de fonctions en juillet, au moment où l’institution de Washington est concurrencée par les grands pays émergents (Brésil, Chine, Inde…) qui souhaitent lancer leur propre banque de développement.
Concrètement, cet ancien universitaire veut avec l’aide des 188 Etats membres de la Banque faire baisser la proportion de gens vivant avec moins de 1,25 dollar par jour de 21% en 2010 à 3% d’ici à 2030.
“Sous la barre des 3%, le défi posé par la pauvreté changera totalement de nature. Le coeur de notre action passera de mesures structurelles à des mesures ciblées sur de petits groupes (…). Le combat contre la pauvreté de masse que les pays ont mené depuis des siècles sera gagné”, a estimé M. Kim.
En 2000, la communauté internationale avait déjà défini huit objectifs du millénaire pour le développement (OMD) à atteindre d’ici à 2015. L’un d’eux, réduire la pauvreté de moitié, a déjà été accompli en 2010, “avec cinq ans d’avance”, selon M. Kim.
“Nous savons que la fin de la pauvreté ne sera pas aisée (…). La tâche va devenir de plus en plus ardue parce que ceux qui resteront plongés dans la pauvreté seront les plus difficiles à atteindre”, a-t-il souligné.
Pas de remède miracle
Le président de la Banque a également fixé dans son discours un deuxième objectif, moins quantifiable, de “doper” les revenus des 40% de la population les plus pauvres dans chaque pays de la planète.
“Cela requiert que nous ne nous inquiétions pas simplement de savoir si les pays en développement progressent, mais que nous regardions directement si la situation des populations les plus pauvres s’améliore. C’est un objectif important pour tous les pays”, a précisé M. Kim.
Pour mener à bien ce double objectif, le président de la Banque mondiale ne propose pas de remède miracle mais juge indispensable que la croissance économique “s’accélère”, en particulier en Asie du Sud et dans l’Afrique subsaharienne.
La morosité de la conjoncture internationale est dès lors une source d’inquiétude majeure pour M. Kim. “La crise qui a saisi l’économie mondiale depuis quatre ans et demi ne montre pas de signes clairs d’affaiblissement”, note-t-il, s’offrant une petite parenthèse sur l’Europe.
“Comme le montrent les récents événements à Chypre, il est trop tôt pour crier victoire”, indique-t-il, ajoutant que l’austérité continue à “peser sur la croissance” dans les pays riches.
M. Kim met également en garde contre les “chocs potentiels” qui pourraient compromettre cette vaste entreprise, notamment des catastrophes climatiques ou une nouvelle crise alimentaire.
“Le changement climatique n’est pas un défi environnemental. C’est une menace capitale sur le développement économique et la lutte contre la pauvreté”, a-t-il souligné, faisant écho à un récent rapport de la Banque mondiale sur la question.
La Banque mondiale rendra un rapport annuel sur ces deux nouveaux objectifs afin d’évaluer les “progrès” et identifier les “failles”, a promis M. Kim.