Les critères garantissant le droit à la liberté d’expression et d’information, les cadres standards permettant l’organisation de ce secteur, et les méthodes de gestion des médias publics sont les thèmes d’un symposium international sur “les garanties standards et institutionnelles de la liberté d’expression”.
Organisé les 2 et 3 avril à Tunis, ce symposium se tient à l’initiative de l’Institut arabe des droits de l’homme (IADH), en collaboration avec l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et le Conseil de l’Europe, avec le soutien de la Principauté de Monaco.
Intervenant, mardi, à l’ouverture de ce symposium, le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, a souligné le rôle essentiel des organisations de la société civile dans la garantie de la réussite de la transition démocratique, en ce sens que ces structures représentent une force de proposition pour tout ce qui concerne les affaires publiques.
Ben Jaafar a reconnu l’existence d’abus et de pressions touchant les journalistes dans l’exercice de leur profession. Néanmoins, il a expliqué ceci par l’absence d’une législation claire qui leur garantit la protection et d’une instance de régulation du secteur audiovisuel.
Il a ajouté que les débats au sein de la coalition au pouvoir ont contribué à l’impulsion des décrets régissant le secteur.
Après avoir souligné l’importance de ce genre de colloques qui contribuent à élaborer des idées pouvant aider à la rédaction de la nouvelle constitution, Ben Jaafar a réfuté l’idée que la notion des droits de l’homme et des libertés ne soit pas ancrée dans la culture arabo-islamique. Il a précisé dans ce contexte que l’élaboration de la Déclaration universelle des droits de l’Homme n’est pas seulement le fait de l’Occident, puisque plusieurs pays arabes y ont participé.
Selon lui, plusieurs Constitutions dans la région arabe ont aussi insisté sur ce point et l’ont bien développé dans la pratique. La question des droits de l’homme, a-t-il dit, est un problème fondamental étant donné qu’elle a été le catalyseur des revendications de la révolution et qu’elle est d’une importance majeure pour les commissions de la nouvelle Constitution qui se sont attelées à l’étude des critères garantissant la liberté d’expression et d’information et des garanties constitutionnelles, à travers l’identification des principes à la base de la liberté d’expression, conformément aux standards internationaux en la matière.
Instance de régulation du secteur…
L’instance de régulation qui supervisera l’information audiovisuelle laissera un impact profond sur la réussite de la prochaine étape, et notamment dans le succès des prochaines élections, et dans la contribution à la réforme du secteur, conformément au droit à l’information et aux principes sous-tendant l’indépendance du secteur.
De son côté, le coordinateur du Conseil de l’Europe en Tunisie, William Massolin, a indiqué en substance qu’il ne saurait y avoir de société démocratique sans la liberté d’expression et d’information, soulignant l’importance de ces notions qui sont les fondements mêmes à la base du cheminement des sociétés vers la démocratie. En soutenant ces initiatives notamment avec les structures de la société civile, le Conseil européen vise à rapprocher les expériences avec celles de l’Europe et à aider la Tunisie à franchir l’étape de transition démocratique.
Soutien de la Francophonie
Pour sa part, la directrice des droits de l’Homme, Démocratie et Etat de droit” au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie, Martine Anstett, a souligné que le processus démocratique en Tunisie reste encore fragile et nécessite des garanties supplémentaires, et ce malgré les progrès notables enregistrés par le pays dans ce domaine, à travers notamment la réussite des premières élections libres et transparentes de son histoire, la ratification de nombreux accords onusiens, l’activation de décrets-lois et la décision de créer une instance pour l’organisation du secteur de l’information.
Elle a, également, déclaré que l’Organisation internationale de la Francophonie poursuivra son soutien aux activités de la société civile, en vue de consolider l’ancrage des libertés en Tunisie. Elle mettra également toute son expertise au service des instances sectorielles pour la mise en place d’institutions qui joueraient un rôle efficace, conformément aux normes législatives internationales dans tous leurs domaines d’action.
Institut arabe des droits de l’homme et le Pacte de Tunis
Auparavant, le directeur de l’Institut arabe des droits de l’homme, Abdel Basset Ben Hassen, avait indiqué que la révolution a rendu au discours des droits de l’homme, de la liberté d’opinion et de l’indépendance de l’information toute son essence, ce qui représente le fondement même de l’ouverture des sociétés sur les valeurs d’égalité, de justice et de dignité. Il a également rappelé que “l’institut arabe des droits de l’homme a tenté, grâce à ces diverses activités, de répondre aux problématiques de la transition démocratique, en proposant nombre de stratégies et de méthodes permettant la réforme des législations au sein des institutions juridiques, sécuritaires et médiatiques, et l’édification d’un système national de la justice transitionnelle… et l’habilitation des citoyens à suggérer des modèles pour le développement équitable”.
Il a par ailleurs rappelé l’initiative de l’Institut concernant le Pacte de Tunis pour les droits et libertés qui vise à constitutionnaliser ces notions, à ouvrir le débat sur les droits et leur importance et à développer les procédés permettant de rapprocher la culture des droits de tous les citoyens et d’en faire le noyau même du processus de transition démocratique, afin d’éviter la violence organisée et l’exclusion.
WMC/TAP