Portugal : le gouvernement surmonte la censure socialiste mais reste sous pression

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à Lisbonne (Photo : Francisco Leong)

[03/04/2013 18:29:23] LISBONNE (AFP) Le gouvernement portugais et sa majorité de droite ont surmonté mercredi au Parlement le vote d’une motion de censure de l’opposition socialiste, mais la politique d’austérité dictée par ses créanciers reste suspendue à une décision très attendue de la Cour constitutionnelle.

Présentée par le Parti socialiste, la principale formation de l’opposition, et soutenue par les partis d’extrême gauche, la motion a sans surprise été rejetée par les députés de la coalition de droite au pouvoir.

Malgré son échec, elle n’en conserve pas moins un caractère symbolique. Première motion de censure présentée par les socialistes, elle marque leur rupture définitive avec le programme de rigueur qu’ils avaient eux-mêmes négocié en mai 2011, lorsqu’ils étaient au pouvoir, en échange d’un prêt de 78 milliards d’euros accordé par l’Union européenne et le Fonds monétaire international pour sauver le Portugal de la faillite.

Depuis plusieurs mois déjà, le PS s’est démarqué de cette politique et estime désormais, comme l’indiquait sa mention de censure, qu'”il est temps de dire +basta+ (…) à l’austérité qui exige de lourds sacrifices des Portugais sans qu’ils en voient les résultats”.

“Nous proposons une renégociation profonde de notre programme d’ajustement”, a déclaré pendant le débat parlementaire le chef du PS, Antonio José Seguro. “Le Portugal a besoin d’un nouveau gouvernement qui sache défendre les intérêts des Portugais au sein de l’Europe”, a-t-il ajouté.

“Quand il affirme sous le regard de l’extérieur qu’il souhaite des élections et un nouveau gouvernement qui renégocie le programme d’aide, le Parti socialiste dit en réalité qu’il souhaite un nouveau plan d’aide, avec plus de temps en plus d’argent”, a répliqué le Premier ministre Pedro Passos Coelho.

Dès son arrivée au pouvoir en juin 2011, le gouvernement de centre droit s’est efforcé d’appliquer scrupuleusement la recette prescrite par la “troïka” UE-BCE-FMI représentant ses bailleurs de fonds. Mais en dépit d’un effort de 23,8 milliards d’euros en coupes budgétaires et hausses d’impôts entre 2011 et 2013, la sévère cure de rigueur n’a pas eu l’effet escompté.

Objectifs revus

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à Lisbonne (Photo : Francisco Leong)

La récession économique ne cesse de s’approfondir, le chômage continue d’augmenter à des niveaux record et la dette publique a dépassé les 120% du PIB. Face à ces résultats, Lisbonne a déjà dû négocier avec ses créanciers deux révisions de ses objectifs budgétaires.

Le nouvel objectif d’un déficit de 5,5% du PIB fin 2013 risquerait toutefois d’être à son tour remis en cause si la Cour constitutionnelle, saisie au début de l’année par le président conservateur Anibal Cavaco Silva, jugeait illégales certaines dispositions de la loi de finances.

L’annulation des mesures en question, dont une “contribution extraordinaire de solidarité” appliquée aux retraités et la suppression d’un des 14 mois de salaire versés aux fonctionnaires et de pension versés aux retraités, aurait un impact budgétaire pouvant varier entre 400 millions et plus d’un milliard d’euros.

Face à l’enjeu, le Premier ministre Pedro Passos Coelho a appelé la Cour constitutionnelle à prendre ses “responsabilités” et à tenir compte de “l’impact que ses décisions pourront avoir sur le pays”, ce qui lui valu d’être accusé de faire pression sur le pouvoir judiciaire.

Les conjectures sur un éventuel rejet de plusieurs de ces mesures ont tendu le climat politique, certains médias échafaudant divers scénarios allant d’une démission possible du gouvernement à un profond remaniement ministériel.

Mais pour le politologue Antonio Costa Pinto, “le gouvernement est davantage préoccupé par les négociations en cours avec la troïka au sujet de nouveau plan de coupes dans les dépenses publiques”, qui doit permettre de réaliser environ quatre milliards d’euros d’économies supplémentaires d’ici à 2015, mais qui tarde à être bouclé.

Contraint de naviguer dans les limites que lui imposera la Cour constitutionnelle, M. Passos Coelho aura d’autant plus de difficultés à satisfaire les exigences de ses créanciers qu’il doit ménager une population éreintée par des plans de rigueur successifs et qui a fait entendre son malaise par des manifestations massives début mars.

Pénalisées par ces nombreuses incertitudes, les banques portugaises ont entraîné la Bourse de Lisbonne dans une forte chute (-3,54%) mercredi à la clôture.