L’expérience nous enseigne que l’on travaille avec la presse, c’est-à-dire qu’on essaier de garder les meilleures relations avec les médias…
Avez-vous vu un haut responsable américain, britannique ou encore français critiquer le rendement d’un média dans un meeting, une grande réunion ou encore dans une conférence de presse? Réponse: rarement sinon jamais.
L’expérience nous enseigne en effet que l’exercice est périlleux pour un haut responsable qui n’ignore pas –et c’est là un b-a ba des relations presse- que l’on travaille avec la presse. Comprenez : il faut toujours garder les meilleures relations avec les médias desquels dépend en partie notre notoriété.
Pourtant, aux Etats-Unis d’Amérique comme en Grande-Bretagne ou encore en France, les hommes politiques ne sont jamais à l’abri des critiques de la presse quelle soit écrite, audiovisuelle ou électronique. Souvent bien plus, des responsables font l’objet d’acharnement et de propos agressifs de la part de certains médias. Il suffit de lire certains journaux populaires et satiriques pour s’en rendre compte.
«Description satirique d’une situation, d’un événement ou d’une réalité»
Dans ce cas, les responsables se limitent la plupart du temps, et lorsque cela vaut la peine, à publier un communiqué pour expliquer, préciser, argumenter. Bref, pour rectifier le tir. Comme il arrive qu’ils confient à un porte-parole le soin de faire une déclaration à la presse.
D’autres préfèrent autre chose: faire appeler ou appeler le journaliste ou le directeur de la publication par un collaborateur pour réagir à un article ou à une émission qui a déplu. En se gardant de critiquer ou de se positionner en donneur de leçon.
Cette dernière manière de faire a l’avantage, selon certains relationnistes, de la discrétion et permet d’approfondir les relations avec le média concerné. Car bien souvent, une réaction tonitruante peut avoir le contraire du but poursuivi.
La dernière réaction du gouverneur de la BCT (Banque centrale de Tunisie), Chedly Ayari, lundi 1er avril 2013, dans une conférence de presse, donnée sur la situation économique et financière du pays, à un article, publié le 29 mars 2013 sous le titre «Souveraineté à l’encan», par notre confrère La Presse de Tunisie, était-elle, de ce point de vue, productive?
D’autant plus que le papier en question comportait une caricature, un genre journalistique qui a la double spécificité d’être souvent classé dans la catégorie des articles d’opinion comme le sont l’éditorial, le commentaire et le billet, et d’être utilisée pour grossir, comme on dit, le trait.
La définition qu’en donnent les dictionnaires de la caricature en dit long sur le fonctionnement de celle-ci. Voici ce que dit, à ce propos, l’un d’entre eux: «Nom féminin singulier. Dessin exagérant volontairement les traits saillants d’un visage ou d’un individu, le rendant burlesque. Description satirique d’une situation, d’un événement ou d’une réalité».
La Presse de Tunisie n’a pas manqué de le souligner dans un article, publié mercredi 3 avril 2013, en réaction à la réaction du gouverneur de la BCT («Crime de lèse-FMI, La navrante colère du gouverneur»).
Arrêtons–nous pour dire qu’en réagissant à ce papier, le gouverneur de la BCT va, sans doute, pousser nombre de lecteurs à revenir à l’édition du 29 mars 2013 pour en prendre connaissance. Ils seront peut–être convaincus de ce qu’il comporte comme information et commentaire. Et à enfoncer un clou qui pouvait passer inaperçu.
Une réaction sans doute inutile, notamment de la part d’un homme qui, tout le monde ne peut le contester, est aujourd’huiplus qu’hier une valeur sûre, un sage. Qui a, de plus est, la qualité, beaucoup le disent d’être affable et d’avoir une grande qualité d’écoute.