[08/04/2013 18:20:56] PARIS (AFP) Pour trouver des solutions concrètes aux difficultés des producteurs de lait français, la grande distribution a fait des propositions mais toujours aucune hausse du prix du lait n’est ressortie de la table ronde lundi entre les différents acteurs de la filière.
Le gouvernement avait réuni éleveurs, industries collectrices de lait et la grande distribution afin d’aider à résoudre “un problème conjoncturel”.
Les éleveurs connaissent toujours un creux au printemps, avant une reprise de la production des vaches l’été. Mais ce cap est particulièrement difficile après une année de hausse des coûts de production.
La flambée des prix des céréales a renchéri le coût de l’alimentation animale, entraînant une hausse de charges de 30 euros pour 1.000 litres produits.
Le prix du lait a amorcé une petite remontée depuis le début de l’année mais pas de quoi absorber ces coûts supplémentaires.
Il devrait progresser plus largement en fin d’année, en raison de la sécheresse en Nouvelle-Zélande notamment, mais il faudra aider les producteurs à “faire la soudure”, a expliqué le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll.
Ensuite, la révision de la Loi de modernisation de l’économie (LME) en juin et la loi d’avenir de l’agriculture fin 2013 devraient permettre de mieux prendre en compte les variations des coûts de production, a fait valoir le ministre.
En attendant, et face à ce caractère d’urgence, la grande distribution a mis des propositions sur la table.
A quand du concret ?
Système U suggère une hausse de 3 centimes/litre “pendant six mois le temps de trouver quelque chose de plus pérenne”.
La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD – Auchan, Carrefour, Casino, Cora et Monoprix) propose elle d’augmenter de 2 centimes le prix d’achat du litre de lait de consommation pendant trois mois. Intermarché compte pour sa part payer son lait de marque distributeur 2 centimes plus cher dès le 10 avril.
Quant à Leclerc, il se prononce pour une hausse du prix du lait mais à trois conditions: “qu’elle s’applique à tous les distributeurs”, “qu’elle soit garantie par les pouvoirs publics” et “surtout qu’elle bénéficie directement aux producteurs de lait”.
Sur ce dernier point, tous semblent d’accord, même les industriels qui se sont engagés, malgré leurs difficultés économiques, à reverser l’ensemble de la hausse aux producteurs, ont rapporté différents acteurs présents lors de la table ronde.
Les industriels, sortis rapidement du ministère, n’ont pu être interrogés par la presse.
Les représentants de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), branche de la FNSEA, principal syndicat agricole, en sont eux ressortis “modérément satisfaits”.
“Certains distributeurs ont avancé sur du concret” mais “la proposition de la FCD reste sur le lait de consommation”, qui ne représente que 16% des produits laitiers de grande consommation, a regretté Thierry Roquefeuil, président de la FNPL.
“Les négociations butent sur la proposition de la FCD”, a confirmé Gérard Durand, responsable élevage à la Confédération paysanne (syndicat minoritaire). Pour que ça avance, il faut que l’ensemble des distributeurs “bougent ensemble”, a-t-il ajouté.
Les éleveurs espèrent des avancées concrètes cette semaine ou la suivante, avec des hausses de prix sur le lait collecté en avril.
La FNSEA a appelé à la mobilisation en région vendredi. Les éleveurs laitiers sont dans les starting-blocks…