Plan social en vue chez Virgin Megastore, en l’absence d’une reprise globale

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ées, à Paris (Photo : Thomas Coex)

[08/04/2013 16:42:53] PARIS (AFP) L’avenir est désormais bien sombre pour le millier d’employés de l’enseigne de produits culturels Virgin Megastore: un plan social est assuré étant donné les minces offres de reprises, la plus importante concernant moins de 300 salariés.

“Cinq offres, dont quatre franco-françaises et une émanant d’une marque mondiale, ont été déposées”, a déclaré lundi à l’AFP la présidente de l’enseigne, Christine Mondollot, en esquissant la perspective d’un “important plan social”, alors que Virgin emploie encore 960 salariés dans ses 26 magasins.

Mais “aucune n’est issue des gens de notre profession (…) je suis très déçue”, a-t-elle ajouté, expliquant que des candidats issus d’un autre secteur n’étaient pas tenus de reprendre la majorité du personnel.

Virgin souffre de l’effondrement des marchés physiques du disque, du DVD et du livre et de la concurrence de la distribution sur internet.

Son coûteux magasin amiral sur les Champs-Elysées,qui emploie 184 salariés, n’a fait l’objet d’aucune offre de reprise, a souligné Mme Mondollot, qui préside Virgin depuis juin 2012.

De son côté, l’intersyndicale (CFTC, CFE-CGC, CGT, FO et SUD) a regretté dans un communiqué qu'”aucune offre de reprise globale” n’ait été déposée pour l’enseigne, en redressement judiciaire depuis la mi-janvier.

Selon les syndicats, parmi les offres parvenues au tribunal de Commerce de Paris, seules trois préservent des emplois. “La plus conséquente”, soulignent-ils, celle de la société d’arts créatifs Rougier et Plé, “ne porte que sur 11 magasins” et 285 salariés.

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és de Virgin Megastore manifestent devant le magasin des Champs-Elysées, à Paris, le 29 janvier 2013 (Photo : Lionel Bonaventure)

Une autre offre porte sur le seul magasin de Bayonne. Une troisième, sur celui du quartier Barbès à Paris.

Les syndicats évoquent en outre deux offres de rachat de droit au bail ou de résiliations amiables de baux, mais indiquent que ces projets “ne maintiennent aucun emploi”, point sur lequel leur avis diverge avec celui de la direction.

Vers un plan social en juin

Pour l’intersyndicale, “la situation telle qu’elle se présente ne permettra pas de financer” un plan social. Elle exhorte l’actionnaire majoritaire Butler Capital Partners (BCP) à “faire une offre” à la hauteur.

Sollicité par l’AFP, BCP s’est refusé à tout commentaire.

Les syndicats en appellent “solennellement” au gouvernement pour qu’il s’engage “clairement aux côtés des salariés dont l’immense majorité sera licenciée”.

“C’est catastrophique du point de vue de l’emploi”, a déclaré à l’AFP Sylvain Alias (SUD), en appelant les salariés “à la mobilisation”.

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à Nice, le 7 janvier 2013 (Photo : Valery Hache)

Pour le syndicaliste, qui se dit “en colère contre la direction et les actionnaires qui ont foutu une boite de 1.000 salariés en l’air”, certains repreneurs potentiels “attendent peut-être tranquillement la liquidation pour ramasser des magasins (à un prix) pas trop cher”.

Ni la Fnac, ni Cultura, ni France Loisirs/Chapitres, ni le PDG du label indépendant Naïve, Patrick Zelnik, qui était pourtant intéressé, n’ont formulé d’offre.

M. Zelnik a toutefois indiqué que Naïve restait “plus que jamais intéressée”, même par le magasin des Champs-Elysées, dans un communiqué. Il a expliqué que son offre était “en cours d’élaboration” et qu’il reviendrait à l’administrateur judiciaire de l’estimer ou non “encore recevable”.

Mme Mondollot a souligné que les offres brutes seraient renégociées, la priorité restant “de sauver le maximum d’emplois”.

Un comité d’entreprise extraordinaire est prévu ce vendredi. Le tribunal de commerce compte examiner les offres le 23 mai, a précisé Mme Mondollot. Un jugement devrait être prononcé environ deux semaines plus tard. Un plan social pourra alors être lancé.

Mme Mondollot a indiqué que Virgin disposait encore d’une trésorerie lui permettant de fonctionner jusqu’en juillet, malgré des pertes de “4 à 5 millions d’euros par mois”. Selon BCP, la trésorerie était de 35 millions d’euros en janvier. Mme Mondollot n’a pas précisé l’état actuel.