électrique au charbon à New Haven, le 30 octobre 2009 (Photo : Saul Loeb) |
[10/04/2013 06:05:32] NEW YORK (AFP) Le charbon, première source d’énergie électrique aux Etats-Unis, a perdu du terrain depuis le boom du gaz de schiste mais devrait rester crucial pour le pays malgré l’extrême pollution qu’il engendre.
Le charbon émet en brûlant plus de CO2 que toutes les autres sources d’énergies fossiles. Son extraction génère des émissions de gaz à effet de serre comme le méthane, ainsi que du mercure et du dioxyde de soufre, et provoque des pluies acides et des risques de pollution de l’eau.
Par exemple, en 2009, la rivière Dunkard Creek, en Pennsylvanie (est des Etats-Unis), a vu sa faune entièrement annihilée sur 160 kilomètres après avoir été infiltrée par de l’eau usée échappée de mines de la société Consol Energy.
Malgré ses dangers pour l’environnement, la houille, symbole d’une autre ère, est restée depuis la fin des années 70 l’énergie la plus utilisée pour produire de l’électricité aux Etats-Unis car la plus abondante et donc la moins chère.
Le boom de l’extraction du pétrole et du gaz de schiste initié en 2007 a bouleversé cette donne.
Alors que la houille représentait en 2007 48,5% de l’énergie consommée pour produire de l’électricité aux Etats-Unis, en 2012, sa part est tombée à 37,4%, selon les chiffres de l’EIA, l’Agence fédérale d’information sur l’énergie. A l’inverse, la part du gaz naturel a bondi de 21,5% en 2007 à 30,4% l’an dernier.
Depuis 2012, les prix du gaz naturel ont rebondi et avec eux la demande de charbon, mais pour James Williams, de WTRG Economics, “si la consommation de charbon à court terme repart en hausse, à long terme on va vers une plus forte consommation de gaz” pour produire de l’électricité.
Cette révolution du schiste fait des Etats-Unis la seule région du monde où la consommation de charbon ne devrait pas augmenter, voire baisser, dans les cinq années qui viennent, prévoit l’Agence internationale de l’Energie (AIE).
Cette chute, qui n’est pas due à une volonté politique mais à un pur ajustement de marché, va paradoxalement permettre aux Etats-Unis de respecter les objectifs de réduction des émissions de CO2 du traité de Kyoto, qu’ils n’ont jamais ratifié, fait remarquer Charles Ebinger, expert de la Brookings Institution.
A l’inverse, l’Allemagne, pays signataire du traité et en pointe sur les énergies renouvelables, a vu ses émissions de gaz à effet de serre augmenter l’an dernier à cause d’une consommation de charbon en hausse pour compenser les centrales nucléaires qu’elle ferme afin de respecter son engagement de sortir du nucléaire.
Du charbon largement importé des Etats-Unis, qui “exportent leur pollution”, note M. Ebinger.
ée crache de la fumée dans une centrale électrique au charbon à New Haven, le 30 octobre 2009 (Photo : Saul Loeb) |
Aux Etats-Unis, les défenseurs de l’environmment s’opposent à la construction de terminaux dédiés qui permettraient d’accélérer les livraisons vers l’Asie. Les associations comme Greenpeace militent aussi pour la fermeture de vieilles usines anciennes et particulièrement polluantes et pour le durcissement de la réglementation.
Depuis l’ouragan Sandy, qui a frappé le nord-est des Etats-Unis en octobre, le président Barack Obama a “promis d’utiliser les réglementations de l’EPA, l’agence de protection de l’environnement américaine, pour faire baisser les émissions de CO2”, note Kelly Mitchell, de Greenpeace.
L’EPA a édicté en février 2012 de nouvelles règles limitant les émissions de mercure, gaz et substances polluantes pour les centrales à charbon existantes et futures. Des normes durcissant encore la législation pour les nouvelles usines sont en préparation.
Dans ce contexte, M. Ebinger estime que la part du charbon va encore reculer dans la production énergétique américaine. Il juge toutefois “peu probable” de la voir tomber sous les 30% de la production électrique, car la hausse de la production électrique à partir d’énergies renouvelable ou de gaz ne sera pas suffisante pour compenser un abandon des centrales à charbon.