Inde : premier recul annuel des ventes automobiles en dix ans

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à New Delhi le 10 août 2011 (Photo : Manan Vatsyayana)

[10/04/2013 13:51:35] NEW DELHI (AFP) Les ventes automobiles annuelles en Inde ont chuté de 6,7%, frappées de plein fouet par le ralentissement de la croissance économique et des taux d’intérêt élevés, selon les chiffres publiés mercredi par la fédération du secteur qui espère une embellie l’an prochain.

Le français Renault, dont l’impact était jusque là très modeste, a dans ce contexte tiré son épingle du jeu en dépassant le seuil des 50.000 voitures, un bond spectaculaire après en avoir vendu 1.500 un an plus tôt.

Toutes marques confondues, les ventes de voitures ont chuté à 1,89 million au cours de l’année budgétaire 2012/13 achevée fin mars contre 2,03 millions un an plus tôt, marquant leur premier recul annuel en une décennie selon la Société indienne des constructeurs automobiles (Siam).

C’est un coup dur pour la fédération qui espérait encore l’an dernier pouvoir atteindre une croissance annuelle de 10 à 12% cette année après une hausse des ventes de 2% en 2011/12.

En mars, les ventes se sont effondrées de 22,5% sur un an.

C’est aussi un signal inquiétant pour les géants mondiaux du secteur qui investissent massivement dans de nouvelles unités de production. L’américain Ford, par exemple, a affecté un budget de près de 1 milliard de dollars (763 millions d’euros) à la construction d’une usine au Gujarat (ouest) pour sortir 240.000 véhicules par an d’ici 2014.

“Ces chiffres ont déçu toutes nos prévisions, il y a eu un revirement du comportement d’achat” des ménages, a reconnu le directeur général adjoint de la fédération, Sugato Sen.

“Le problème principal a été le fort ralentissement de l’économie et les taux d’intérêt élevés. Les ventes ont été frappées de plein fouet”, a-t-il ajouté.

Selon des estimations encore provisoires, la troisième puissance économique d’Asie a enregistré en 2012/13 une croissance de l’ordre de 5%, soit sa pire performance en dix ans.

Le précédent recul annuel du marché automobile en Inde date de 2002-2003.

Depuis, il n’avait cessé de croître jusqu’à 20% à 30% par an, devenant l’un des marchés mondiaux les plus florissants grâce à l’émergence d’une solide classe moyenne.

Son potentiel de croissance avait attiré les géants du secteur en quête de nouvelles opportunités dans un contexte de morosité sur les marchés européens.

Pour tenter de séduire malgré tout les clients, les constructeurs ont adopté des tactiques de vente agressives en proposant aux ménages d’acheter maintenant en différant leur paiement ou en leur offrant la possibilité d’acheter en plusieurs fois sans frais, avec parfois des remises allant jusqu’à 20%.

Mais les consommateurs sont “prudents et reportent leurs achats en attendant des taux d’intérêt plus avantageux”, a souligné Mahantesh Sabarad, de la maison de courtage Fortune Equity Brokers.

Pour diminuer les stocks, les constructeurs ont fermé certaines lignes de production et fait une pause dans leurs investissements, selon la fédération.

Renault, dont la présence en Inde était jusque là quasi symbolique, a, lui, vendu 52.463 véhicules, notamment grâce au succès de son 4×4 Duster.

Le français avait fait une première tentative d’implantation en Inde via une société commune avec l’indien Mahindra pour fabriquer la Logan, lancée en 2007. Mais les ventes n’avaient pas atteint le succès escompté et Renault s’était désengagé en 2010 de ce partenariat, pour revenir un an plus tard.

Le marché indien est encore largement dominé par Maruti, contrôlé à majorité par le japonais Suzuki, même si des marques étrangères telles que GM et Toyota commencent à se tailler une part du gâteau dans ce pays de 1,2 milliard d’habitants.

Maruti a vu ses ventes annuelles progresser de 4,4% à 1,05 million d’unités.

Les autres marques ont souffert: les ventes de Fiat ont chuté de 57%, celles de Volkswagen de 16% tandis que Ford a perdu 17% et General Motors 20%.

Le président de la fédération, S. Sandilya, a estimé que 2013/14 devrait être meilleure, disant tabler sur une croissance de l’ordre de 3% à 5%.

“L’an dernier a été une mauvaise année, il n’y a aucun doute là-dessus, mais nous espérons que les choses iront mieux grâce à des initiatives du gouvernement qui ont été annoncées pour stimuler la croissance”, a-t-il fait valoir.