Malgré un contexte politique marqué par l’incertitude, les résultats de la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BVMT) au cours des deux premiers mois de l’année laissent penser qu’en 2013 la Bourse pourrait bien s’inscrire en nette hausse. L’introduction sur le Marché alternatif de la Bourse de Tunis des petites et moyennes entreprises (PME), telle que l’entreprise agroalimentaire Land’Or au mois de février, a suscité un fort intérêt de la part des investisseurs, donnant le ton pour les mois à venir.
Au cours des deux dernières années, le marché a subi un ralentissement, la révolution politique de janvier 2011 et la transition qui a suivi ayant engendré un climat d’incertitude économique. La BVMT, si elle n’est pas grande, a toujours été un marché stable et était parvenue à résister aux effets initiaux de la crise économique mondiale de 2008-2009. Et en effet, grâce à quatre nouvelles introductions en 2010, la capitalisation boursière avait atteint un niveau record de 10,6 milliards de dollars.
Cependant, le marché a subi de plein fouet la crise de 2011. La capitalisation a baissé de 5,8% en glissement annuel, atteignant 10,05 milliards de dollars, et le volume quotidien moyen échangé a chuté de près de 40%, passant de 7,4 millions de dollars par jour à 4,5 millions de dollars. L’indice Tunindex, qui mesure toutes les valeurs cotées, a perdu 7,7% en 2011 après avoir grimpé de 19% en 2010. La tendance baissière a été en partie atténuée en 2012 mais le Tunindex a enregistré une baisse de 3% supplémentaires et la capitalisation boursière a poursuivi sa descente pour atteindre 9,19 milliards de dollars à la fin de l’année. Il s’agit toutefois là d’une baisse relativement faible étant donné les difficultés du secteur bancaire, qui représente l’essentiel des valeurs boursières.
Les activités de 2013 semblent prometteuses pour le développement de la BVMT, même si la bourse tunisienne doit encore élargir son offre en introduisant des produits dérivés, des contrats à terme et d’autres produits de ce type. À court terme, les dirigeants des secteurs public et privé visent à accroître le recours des entreprises aux marchés boursiers pour leur besoin de capitaux, ce qui permettrait de réduire la pression exercée sur un secteur bancaire à court de liquidités. C’est avec lenteur que les entreprises tunisiennes ont pris le chemin de la bourse. Après les quatre introductions de 2010, seulement une entreprise a fait son entrée en bourse en 2011, et deux en 2012, portant à 59 le nombre total d’entreprises cotées.
Toutefois, en 2013, ce sont au moins 10 entreprises qui devraient s’introduire en bourse, sur le marché principal et le marché alternatif de la BVMT – un chiffre record. Land’Or est devenue en février la soixantième entreprise cotée avec une demande environ 13 fois supérieure à l’offre, signe que, malgré le resserrement du crédit dans le secteur bancaire et un marché qui a tourné au ralenti en 2011-2012, l’économie nationale dispose toujours de liquidités et que la BVMT peut être un outil efficace de mobilisation de financement.
L’intégrateur de solutions en technologies d’informations et de communication AeTech a reçu le 5 février l’accord final de la bourse de Tunis pour son introduction sur le marché alternatif. La période de souscription s’est terminée le 12 mars et la première journée de cotation est attendue dans les prochaines semaines. Si AeTech parvenait à susciter le même enthousiasme chez les investisseurs que Land’Or, cela pourrait contribuer à donner l’impulsion nécessaire à d’autres entreprises qui envisagent de se tourner vers la BVMT pour une augmentation de capital.
En tout, ce sont huit nouvelles introductions que les responsables de la BVMT devraient approuver d’ici la fin mars. Outre Land’Or et AeTech, les introductions restantes seront effectuées une fois que le Conseil du Marché Financier, l’autorité tunisienne de régulation, aura donné son accord final. Si tout se passe comme prévu, les introductions ayant déjà reçu un accord de principe pour 2013 devraient gonfler la capitalisation boursière d’au moins 1 milliard de dinars (487,36 millions d’euros) – une étape importante dans une stratégie qui vise à accroître le poids de la BVMT dans l’économie.
Jusqu’à présent, la petite taille du marché tunisien a contribué à en assurer la stabilité, comparé en particulier à certaines autres bourses, plus grandes, de la région qui enregistrent des sorties de capitaux cumulées depuis 2011. Et pourtant, si la BVMT contribuait à environ 12% de la formation de capital des entreprises tunisiennes en 2010, ce pourcentage a reculé, atteignant à peine 5% en 2012, principalement en raison d’une baisse des émissions de dettes d’entreprises et de dettes publiques sur le marché obligataire.
Dans le but de réduire les effets négatifs de 2011, les responsables de la BVMT ont entamé une stratégie triennale afin d’accroître la sensibilisation au marché et d’encourager et structurer de nouvelles introductions en bourse. Ces activités placent l’avenir sous un signe positif mais, avant que la BVMT ne puisse réaliser pleinement son potentiel de source de financement pour l’économie, la Tunisie devra d’abord retrouver une stabilité politique et améliorer la visibilité du processus d’élaboration de la constitution.
Source: Oxford Business Group