A Hanovre, les industriels d’Europe du Sud cherchent le salut à l’export

[11/04/2013 11:34:51] HANOVRE (Allemagne) (AFP) Ils sont italiens, espagnols ou portugais et cherchent les débouchés à l’export qui leur permettront de compenser l’effondrement de leur marché intérieur, lors des salons professionnels comme celui de Hanovre en Allemagne cette semaine.

“Nos entreprises savent qu’avoir des contrats à l’étranger, c’est la seule solution pour continuer à travailler”, résume Isabella Giuliano, qui coordonne le stand collectif des entreprises de sous-traitance du Piémont (nord de l’Italie).

C’est la première fois que le Piémont a un stand, et 22 entreprises ont saisi l’occasion. “Elles exportent déjà toutes mais ont besoin d’aller chercher de nouveaux clients”, explique Mme Giuliano. Pas étonnant, alors que l’économie italienne est attendue en récession cette année d’environ 1,5%, après un recul du PIB de 2,4% l’an dernier.

Les entreprises italiennes sont traditionnellement très présentes sur les salons allemands. Rien qu’à la Foire de Hanovre, la grand-messe de l’industrie mondiale qui se tient cette année du 8 au 12 avril, elles représentent depuis longtemps le deuxième plus gros contingent d’exposants étrangers après la Chine.

Mais cette présence a encore progressé: il y a 25 exposants italiens de plus que l’an passé à Hanovre, et sur l’ensemble des salons organisés en Allemagne en 2011, la présence italienne a grimpé de 2%, rapporte Harald Kötter, porte-parole de la fédération Auma des foires et salons.

“Il est manifeste que les entreprises cherchent leur salut dans l’export”, selon lui. Le nombre d’exposants portugais a bondi de 10% en 2011, les espagnols de 7% et les grecs de 6%. Et ce malgré leur situation économique difficile et le coût important que représente un stand sur ce type de salons.

Objectif: 90% du chiffre d’affaires à l’export

Elio Sérgio Maia, patron de FAL, une entreprise familiale de fonderie à Amarante, dans le nord du Portugal, prévoit d’aller sur pas moins de six salons cette année, entre autres en France et en Suède.

La société a “quelques clients résiduels” dans son pays mais mise de plus en plus sur l’étranger. La part de l’export dans son chiffre d’affaires, avec environ 6 millions d’euros, s’élève déjà à plus de 70% mais “mon objectif est 90%”, dit-il.

Même son de cloche sur le stand du fabricant grec de câbles Hellenic Cables, qui réalise déjà 80% de ses ventes à l’export, contre 60% avant 2008, explique Udo Guldner, directeur de la représentation en Allemagne. “Nous allons sur tous les salons du monde”, dit-il.

Les pouvoirs publics sponsorisent la participation à ces salons. La chambre de commerce du Piémont, qui chapeaute le stand collectif à Hanovre, a offert des tarifs réduits aux entreprises qu’elle accompagne.

En Espagne, le secrétariat d’Etat au commerce “a envoyé aux régions autonomes dès le début de l’année le plan de participation de l’Etat à toutes les foires dans le monde pour qu’elles puissent se joindre aux événements qui les intéressent”, explique un porte-parole.

Les ambassades de Grèce ont pour leur part organisé la participation à 161 salons à l’étranger d’entreprises du pays en 2012, selon le vice-ministre des Affaires étrangères lundi.

Ceux qui ont déjà l’expérience des salons savent que la stratégie porte ses fruits. José Antonio Ros, patron de l’entreprise de métallurgie basque Forging Products, a recommencé à venir à Hanovre il y a deux ans après une pause de plusieurs années.

“L’an dernier et l’année précédente nous n’avons survécu que grâce à des contrats étrangers, et beaucoup étaient des conséquences de Hanovre”, dit-il. Ce qui n’a pas empêché l’entreprise de devoir se séparer de 300 de ses 460 salariés entre 2008 et 2012, et de voir son chiffre d’affaires divisé par trois.

Mais il veut croire en des temps meilleurs, alors que l’Espagne s’administre une cure drastique pour réformer son économie. Pour lui, venir à Hanovre est aussi une manière de dire “Vous les Allemands, ne nous oubliez pas!”.