érique, Fleur Pellerin, et la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, en visite au siège de Quantic Dreams à Paris le 4 avril 2013 (Photo : Martin Bureau) |
[11/04/2013 17:10:18] PARIS (AFP) La ministre de l’Economie numérique Fleur Pellerin a publiquement apporté son soutien jeudi à AppGratis, une “success story” de la haute technologie française brutalement mise en péril par son éviction de la plateforme de distribution du géant américain Apple.
Mme Pellerin s’est rendue de manière très médiatisée dans les locaux d’AppGratis, où elle a offert de jouer les médiateurs avec Apple.
A ce stade, la ministre Pellerin préfère ne “pas s’immiscer dans les relations commerciales privées” entre les deux parties et veut aider AppGratis “à renouer le dialogue” avec Apple, a-t-elle expliqué à la presse.
Elle n’a annoncé aucune mesure spécifique sinon la poursuite de ses discussions avec la Commission européenne pour mieux réguler l’écosystème économique organisé autour de grandes plateformes de l’internet, comme celles d’Apple et Google, face “aux petits acteurs” qui les alimentent en trafic et en revenus mais demeurent à la merci d’une décision arbitraire.
L’idée derrière le succès d’AppGratis est simple: proposer chaque jour aux internautes de découvrir gratuitement une application de l’AppStore, normalement payante. L’offre, disponible pendant 24 heures, est accessible via le site d’AppGratis, sa newsletter et son application pour iPhone.
Le 5 avril, un communiqué de la société à la pomme annonçait la suppression de l’application de son magasin en ligne, l’AppStore, au risque de mettre en péril la survie de cette PME en croissance qui emploie une quarantaine de personnes.
Apple a décidé “sans sommation, sans explication” de retirer de son magasin une application, avec “derrière 40 emplois en jeu”, a résumé la ministre.
Le PDG et fondateur de la start up créée en 2008, Simon Dawlat, s’étonne lui aussi de cette décision qui prive “12 millions d’utilisateurs” de son application “qui avait été validée par Apple”.
Un coup d’arrêt brutal à une ascension rapide
Interrogée par l’AFP à Paris, l’entreprise américaine a confirmé le “retrait de l’application AppGratis” de son magazin en invoquant “le non respect des clauses 2.25 et 5.6” de son cahier des charges.
La première, a expliqué à l’AFP M. Dawlat, “interdit de reproduire un AppStore dans l’AppStore”, et la seconde “d’utiliser des notifications +push+ à des fins marketing”, autrement dit d’envoyer de messages spécifiques d’offres promotionnelles.
Forte de sa réussite fulgurante –y compris aux Etats-Unis– la PME hexagonale caressait l’espoir de porter à 20 millions le nombre de ses utilisateurs à la fin 2013, et d’étendre sa présence à 50 pays à l’horizon 2014.
Le coup d’arrêt “brutal et unilatéral” porté par Apple, “n’est pas un comportement vertueux et digne d’une entreprise de cette taille là”, a déclaré Mme Pellerin, tout en constatant la fragilité “des modèles économiques entièrement dépendants” d’un écosystème contrôlé par de grands acteurs.
Chez AppGratis, les dirigeants ne veulent pas chiffrer précisément l’impact financier du litige, mais ils soulignent que “ce sera une très grosse perte de chiffre d’affaires” pour la société qui tire “plus de 80%” de ses revenus du partenariat avec Apple.
La jeune PME tablait pour cette année sur un chiffre d’affaires compris “entre 22 et 25 millions d’euros”, prévoyait de doubler ses effectifs en 2013 et envisageait d’ouvrir des bureaux à San Francisco et au Brésil.
Mais faute de solution, AppGratis devra “réviser à la baisse” ses ambitions, prévient son PDG. Elle avait pourtant réussi en janvier une levée de fonds pour un montant global de 10 millions d’euros auprès notamment d’Iris Capital, un fonds associant Orange et Publicis.
L’Autorité de la concurrence, elle, a rappelé à l’AFP qu’elle avait lancé en début d’année une enquête sur le marché des applications.
En attendant ses conclusions, AppGratis réfléchit à “faire évoluer ses services vers d’autres canaux” et d’autres systèmes d’exploitation comme par exemple Android, développé par Google.