Les hôteliers remontés contre les agences de réservation en ligne

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ôtel à Paris (Photo : Franck Fife)

[13/04/2013 17:30:05] PARIS (AFP) Dans un secteur en pleine mutation, les hôteliers français sont remontés contre les agences de réservation en ligne, apporteurs d’affaires nécessaires au remplissage des établissements, qui se révèlent peu à peu être aussi de féroces concurrents.

“Au départ, c’était censé nous aider, c’était intéressant car les hôteliers indépendants notamment n’avaient pas vu l’opportunité d’internet”, témoigne Hervé Lasbouygues, président de Réservation en direct.

Avec son association créée en fin 2012, cet hôtelier bordelais veut “inciter” ses confrères “à reprendre la main sur les réservations et donner une plus-value aux clients qui prennent la peine de réserver en direct, avec un surclassement par exemple”.

“Il n’est pas question de rupture avec ces agences car elles nous amènent du business mais il faut savoir ne pas tout leur donner et développer sa propre clientèle”, insiste-t-il.

En ligne de mire, la parité tarifaire. “Nous sommes contraints de donner le même prix à tout le monde en même temps mais avec ces agences, nous devons soustraire entre 15% et 25% de commission sur les réservations, on marche sur la tête!”, s’insurge l’hôtelier.

“Le prix est établi par celui qui possède le plus de pouvoir, c’est un réel problème”, estime Georges Panayotis du cabinet MKG, qui s’inquiète d’une “restructuration du marché, voire une disparition de certains hôtels”.

En octobre, M. Panayotis a lancé une “pétition des hôteliers en colère contre des prédateurs qui se disent partenaires”. “Plus de 10.000 hôtels ont participé”, affirme-t-il.

“Il y a des discussions sur le thème de la parité, c’est important d’avoir un dialogue constructif pour que les deux côtés tirent leur avantage”, explique Jean-Philippe Monod, directeur des affaires publiques du spécialiste du voyage en ligne Expedia.

“Les indépendants davantage touchés”

“Les indépendants sont davantage touchés et ne peuvent pas vivre seuls car ils n’ont pas de structure centralisée pour les concurrencer”, dit Pierre-Frédéric Roulot, président de Louvre Hotels Group, qui émet l’idée de création d'”une fédération de l’hôtellerie au niveau européen ou mondial”.

Jean-Luc Chretien, directeur distribution, ventes et fidélité chez Accor, affirme en effet que “ces agences ont un comportement avec les indépendants qui n’est pas celui qu’elles ont avec les chaînes. Les marges demandées sont différentes”, ajoute-t-il.

“On se doit d’être vigilants dans nos relations et défendre nos intérêts pour éviter les exagérations mais cela n’est pas incompatible avec le fait que l’on travaille très bien avec Expedia et les autres acteurs en ligne”, souligne M. Chretien.

Les hôteliers “ne peuvent pas se défaire de ces agences, plébiscitées par la clientèle”, constate Florent Daniel, manager au cabinet In Extenso, membre de Deloitte.

“L’hôtellerie est passée du 19e au 21e siècle en cinq ans. Et dans cette révolution d’internet, on a réagi un peu tard”, concède M. Roulot. Selon lui, “la problématique ne vient pas des agences en soi mais du changement de modèle économique avec l’apparition du e-commerce”.

Pour Pierre-Frédéric Roulot, “la distribution ne vend rien, c’est un intermédiaire, la maîtrise du produit elle, se trouve chez les hôteliers”.

“Tout évolue à une vitesse folle. Après Booking, Expedia, Google voyage va arriver sur le marché”, prévient-il.

Mercredi, French Hospitality in Europe, lobby européen regroupant les cinq fédérations professionnelles de l’hôtellerie en France, est partie en compagne contre l’attribution du suffixe .hotel à des agences de réservation en ligne comme Booking et Despegar.