[13/04/2013 16:34:37] BORDEAUX (AFP) La pluie lors des vendanges avait fait craindre un millésime des vins de Bordeaux “hétérogène”, mais les dégustations de la semaine des primeurs concluent à un “bon, voire très bon” cru 2012. Les propriétés attendent désormais la note des experts pour fixer les prix.
“Si 2012 ne fera pas partie du Top 3 de la décennie, à en croire vos commentaires et vos sourires au sortir des salles de dégustation, je crois que ce millésime fera partie des bons, voire même pour certains des très bons et qu’il trouvera sa place dans le marché”, déclarait le “grand maître de la confrérie viticole de la Commanderie du Bontemps de Médoc, des Graves, de Sauternes et de Barsac”, Emmanuel Cruse, mercredi lors du repas du Ban du millésime, auquel participaient les grands acheteurs étrangers dont de nombreux chinois et américains.
Si cette semaine des primeurs est dévolue à la dégustation d’un vin très jeune dont il faut déceler le potentiel alors que son élevage est en cours, elle attire surtout annuellement dans le vignoble tout ce que le monde du vin compte comme personnages importants: grossistes, sommeliers, journalistes spécialisés, importateurs…
“Le système de distribution de la place de Bordeaux est unique au monde, il nous est envié par tous. Il en va de notre intérêt à tous de maintenir ce qui est aujourd’hui cette place à travers le monde, c’est-à-dire la première”, a poursuivi M. Cruse.
Cette particularité bordelaise est que les propriétés vendent la quasi-intégralité de leur production à des maisons de négoce qui parient sur les vins et se chargent ensuite de les revendre à travers le monde.
“Les négociants connaissent tous les réseaux et font un bien meilleur travail que nous si on devait faire de la vente en direct, ils ont une connaissance du marché qui n’est pas la nôtre”, dit Sophie Fourcade, responsable des châteaux Grande muraille, Côte de Baleau et Clos Saint-Martin, trois grands crus classés de Saint-Emilion.
Faire de la trésorerie
“Pour la propriété c’est intéressant puisque les vins sont payés avant la livraison, c’est donc de la trésorerie que nous avons rapidement”, explique-t-elle. “Les primeurs sont intéressants aussi pour les acheteurs car cela leur permet d’acheter du vin à un prix moindre par rapport à celui de la mise sur le marché, dans deux ans. Il permet aussi au consommateur d’être sûr d’avoir ces vins, c’est comme une réservation sur des vins souvent rares”.
Selon le directeur général adjoint de la maison de négoce Cordier Mestrezat grands crus, Benoît Lesueur, “l’autre gros avantage de cette semaine primeur est qu’elle donne aux propriétaires l’occasion d’être en contact avec des acheteurs du monde entier et d’avoir le sentiment des marchés. C’est un outil exceptionnel pour Bordeaux”, en lui permettant “de coller à la réalité, à la demande et aux besoins des marchés”.
Cette perception du marché et de son potentiel est au coeur des discussions qui clôturent la semaine des primeurs. Car il s’agira ensuite pour les propriétaires de dévoiler le prix qu’ils attribueront à leur bouteille.
“Là il ne faut pas se rater. Le jour où on sort en primeur on attribue un certain nombre de caisses à chaque négociant avec un prix qu’il n’est plus question de le modifier. C’est le consommateur qui fait la loi et il faut savoir à quel prix il est capable d’acheter une bouteille”, souligne Mme Fourcade.
“Il est probable que la tendance soit à la baisse pour accompagner les demandes de nos clients, et il est certain que si cette baisse a lieu, l’intérêt des clients sera grand, car le millésime s’est très bien goûté”, estime M. Lesueur.
Selon lui, si la baisse des prix est effective “cela constituerait un achat malin que de trouver à un prix attractif les vins de ce millésime-là qui est une belle réussite”.