à Dublin (Photo : Peter Muhly) |
[14/04/2013 19:08:59] PARIS (AFP) Le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, a assuré dimanche que la France ramènera son déficit public sous les 3% du PIB en 2014, mais il a écarté la perspective d’une réduction plus drastique, au risque d’un bras de fer avec la Commission européenne.
M. Moscovici, qui doit présenter mercredi le programme de stabilité de la France pour 2013 en conseil des ministres, a défendu dimanche sa position en estimant qu’accélérer le rythme nécessiterait un tour de vis supplémentaire, un surcroît d'”austérité” que le gouvernement récuse.
“Pour 2014”, le déficit de la France “sera sous 3% sans, pour certains, être les 2,5%, 2,7% dont ils rêvaient”, a déclaré M. Moscovici sur BFMTV, dans une référence au souhait exprimé par Bruxelles de voir Paris ramener l’an prochain son déficit “nettement sous les 3%”.
“Si on a l’idée, comme je l’ai lu ici ou là ou comme peut l’avoir tel ou tel service à la Commission européenne, d’être à 2,5 ou à 2,7%, il ne me paraît pas raisonnable de faire ça. Là pour le coup, ce serait une politique d’austérité”, a-t-il estimé.
“Soyons clairs: la France ne mène pas de politique d’austérité et la France ne veut pas mener de politique d’austérité”, a martelé Pierre Moscovici.
“La France doit poursuivre sa marche sur la réduction des déficits”, a-t-il reconnu. Mais, a-t-il fait valoir, “je crois qu’il faut mettre l’accent d’abord sur la réduction du déficit structurel” (ndlr, hors aléas de la conjoncture).
Le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, a affirmé cette semaine que Paris entendait réduire d’un point le déficit structurel en 2014 pour le ramener “à seulement 1% de PIB”.
“Le rythme de la consolidation budgétaire doit être compatible avec la préservation de la croissance en France, c’est ce qu’on appelle laisser jouer les stabilisateurs automatiques quand la croissance est faible en Europe”, a argumenté de son côté Pierre Moscovici.
“Nous voulons une politique qui soit une politique sérieuse, une politique qui réduit les déficits, une politique qui améliore nos positions structurelles, une politique qui fait des vraies réformes, une politique qui améliore la compétitivité du pays mais pas une politique d’austérité”, a-t-il défendu.
Le ministre de l’Economie doit dévoiler mercredi en Conseil des ministres, puis devant les commissions des Finances de l’Assemblée nationale et du Sénat le programme de stabilité budgétaire que la France remettra une semaine plus tard à la Commission européenne.
Le gouvernement a déjà indiqué qu’il se calerait sur les prévisions avancées en février par Bruxelles, qui tablent sur une croissance française de 0,1% cette année et 1,2% en 2014, ainsi que sur un déficit de 3,7% fin 2013.
Mais il doit encore pour cela recevoir le feu vert du Haut conseil aux Finances publiques, présidé par le premier président de la Cour des Comptes, Didier Migaud. Son avis est attendu pour le tout début de la semaine.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, s’est dit prêt à accorder un délai à la France, après que celle-ci a renoncé à l’objectif initial d’un déficit ramené à 3% dès fin 2013, mais il a exprimé le souhait que Paris ramène son déficit “nettement en dessous” de 3% en 2014.
Bruxelles donnera son avis sur le “programme de stabilité” de la France et des autres pays de l’Union européenne à la fin mai. M. Moscovici s’est voulu optimiste dimanche en faisant valoir que M. Rehn était un homme “très fin et compréhensif”.
Ce sera ensuite aux ministres des Finances des 27 Etats membres de l’Union européenne d’entériner ou pas, vraisemblablement en juin, les objectifs et les stratégies des différents pays.
Dans son “programme de stabilité”, la France devra notamment préciser les dépenses qu’elle compte réduire, et comment elle pense s’y prendre. Au menu devraient donc figurer notamment la réforme des allocations familiales, celle des retraites, et d’autres coupes dans les politiques publiques.