or (Photo : Paul J. Richards) |
[16/04/2013 05:54:00] NEW YORK (AFP) L’or a subi sa plus forte chute depuis 30 ans lundi à New York, tombant à son pls bas niveau en deux ans dans un marché miné comme le reste des matières premières par le ralentissement économique de la Chine et la perception d’une baisse du risque inflationniste.
Le contrat de référence, pour livraison en avril, a perdu 9,35% pour finir à 1.360,60 dollars sur la plateforme d’échanges à terme du Comex. Il a perdu jusqu’à 10,9% en cours d’échanges électroniques, avec un plus bas à 1.338,00 dollars.
Le métal jaune n’avait pas subi une telle dégringolade sur une séance à New York depuis le 28 février 1983.
A Londres, l’once d’or a terminé à 1.395 dollars au fixing du soir, contre 1.535,50 vendredi soir, enregistrant une baisse de 9,15%.
Le contrat pour livraison en juin, le plus échangé, a perdu jusqu’à 11% en cours d’échanges.
or (Photo : Bertrand Guay) |
Au-delà de la chute du métal précieux, très apprécié des investisseurs en temps d’incertitude et de peur du risque, la journée s’est également avérée historique en termes de participation, avec plus de 620.000 échanges sur le contrat de juin.
“Jamais le Comex n’avait connu un tel niveau d’échanges sur une séance depuis le début du courtage d’options à terme aux Etats-Unis”, le 31 décembre 1974, a indiqué à l’AFP Damon Leavell, un porte-parole du Comex.
Le Comex, ou Commodity Exchange, est une filiale de l’opérateur CME Group, le numéro un mondial du courtage de dérivés.
Au total, sur les deux dernières séances, l’or a perdu plus de 200 dollars l’once, un autre record sur deux jours depuis près de 40 ans aux Etats-Unis.
“Je ne m’attendais pas à une telle raclée”, a confié Bart Melek, stratège en matières premières pour TD Securities.
L’or s’incline
L’or s’est incliné de concert avec le reste du marché des matières premières, du brut au cuivre, en passant par l’argent, après l’annonce dans la nuit de dimanche à lundi d’un ralentissement inattendu de la croissance chinoise au premier trimestre.
Le produit intérieur brut du géant asiatique s’est établi à 7,7% en rythme annuel sur les trois premiers mois 2013, surprenant les analystes qui misaient sur une légère accélération, avec un PIB autour de 8%.
Mais, pour les analystes, cette déception n’était qu’un prétexte pour poursuivre un mouvement de baisse du métal jaune entamé très nettement la semaine dernière.
“Un grand nombre de personnes cherchent à se débarrasser de leurs paris à la hausse et se mettent à parier à la baisse. L’or était simplement monté trop vite, trop haut”, a estimé M. Melek.
Avec la hausse quasi irrésistible depuis le début de l’année du marché américain des actions qui, fort du concours financier énorme de la banque centrale (Fed), a enchaîné une course aux records historiques depuis début mars, les investisseurs tendent à revoir leurs priorités, selon les analystes.
“Les gens se demandent ce qu’est un actif sûr et de plus en plus, ils tendent à aller vers les actions, même si Wall Street n’a pas été très performant aujourd’hui”, a expliqué un courtier d’une banque italienne.
Une série d’indicateurs moroses
or (Photo : Spencer Platt) |
D’autre part, les signes d’un ralentissement de l’activité économique chinoise et une série d’indicateurs moroses aux Etats-Unis depuis début avril tendent à apaiser les craintes d’une surchauffe et de risques d’inflation.
Or, le risque inflationniste est l’un des moteurs essentiels de l’achat d’actifs jugés traditionnellement sûrs, comme l’or. En son absence, et en dépit de l’aide à la relance économique accordée par les banques centrales de Washington à Tokyo, l’or perd l’un de ses alliés les plus précieux.
“D’autant plus que, depuis la diffusion des minutes de sa dernière réunion” mercredi, “beaucoup anticipent que la Fed ralentisse son programme d’assouplissement monétaire dans l’année”, a ajouté M. Melek, “alors que l’inflation semble d’être encore loin de décoller”.
Du côté européen, les cours ont également pâti “de craintes de voir des pays fortement endettés, comme Chypre, vendre leur or pour payer leurs créances”, a relevé Kathleen Brooks, analyste chez Forex.com, ce qui augmenterait l’offre sur le marché.
Tout cela “a précipité un ensemble de mouvements de vente, qui se sont multipliés de toutes parts à mesure que l’on chutait sous de nouveaux seuils techniques”, a commenté Bart Melek.