La renaissance du fabricant de meubles Vibel

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és de Vibel, le 11 avril 2013 à Bazarnes (Yonne) (Photo : Jeff Pachoud)

[17/04/2013 14:54:28] BAZARNES (France) (AFP) Ils apprennent “la vie de de l’entreprise de A à Z” : douze salariés du fabricant de meubles pour enfants Vibel reprennent en main la société de Bazarnes (Yonne) sous la forme d’une société coopérative et participative (Scop), et passent ainsi d’employés à patrons.

L’odeur de bois est omniprésente dans l’atelier, où les salariés ont le sourire aux lèvres. Après plus d’un mois d’arrêt, les machines se sont remises à fonctionner mais, à douze, les “coopérateurs” ont dû organiser le travail différemment pour pouvoir honorer les commandes.

“C’est unique, on apprend la vie de l’entreprise de A à Z”, s’enthousiasme Christine Girard, 54 ans, dont 25 ans d’ancienneté chez Vibel, qui n’a “toujours pas réalisé” qu’elle et ses collègues étaient désormais “patrons”.

“La difficulté, c’est d’apprendre de nouveaux métiers car on est devenu très polyvalent”, ajoute l’ancienne responsable d’atelier peinture, qui s’est attelée pour quelques jours à la visserie.

Dans l’atelier couture, Maria Soares, 47 ans, assemble des pièces de tissu en ne levant que rarement la tête de sa machine à coudre. “Au début, on était un peu perdu, on ne savait pas ce qu’il fallait faire mais on va s’habituer”, dit-elle.

“On ne va pas compter les heures mais ça, on le savait depuis le début”, assure une autre couturière, Véronique Legac, 55 ans, qui n’a “pas hésité” à se lancer dans ce projet avec ses collègues.

Redémarrer au Smic

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és de Vibel, le 11 avril 2013 à Bazarnes (Yonne) (Photo : Jeff Pachoud)

Vibel avait été placé en liquidation judiciaire en janvier. Faute de repreneur, douze salariés se sont regroupés pour monter un projet de Scop, qui a obtenu le 20 mars le feu vert du tribunal de commerce d’Auxerre.

Tous ont investi dans ce projet leurs indemnités chômage, soit 8.000 euros, et redémarrent au Smic.

Les “coopérateurs”, âgés, à quelques exceptions près, d’entre quarante et cinquante-cinq ans, sont des salariés de longue date de Vibel, ayant pour certains des enfants encore à charge. En cas de licenciement, ces travailleurs n’entrevoyaient pas d’autre perspective de retrouver un emploi dans cette zone rurale de l’Yonne.

Pour Véronique Pierron, qui assume désormais la fonction de gérante, ce projet “audacieux” a été “un périple long, stressant et angoissant”, jalonné de “beaucoup de démarches” auprès des administrations et des banques.

“On ne voulait pas que la marque, qui a été florissante avec un effectif qui atteignait jusqu’à 90 salariés, s’en aille”, dit-elle. “On a fait ça pour garder notre travail et parce qu’on aimait ce qu’on fabriquait”.

Soutenu par des élus locaux, ce “groupe uni” est “conscient des risques encourus”, poursuit Mme Pierron, qui vit dans la crainte de “retourner au tribunal” de commerce en cas d’échec.

Le taux de survie d’une Scop est en effet, au bout de trois ans, de 74%, contre 66% pour la moyenne des entreprises, selon la Confédération générale des Scop.

Fin 2011, d’après la CG Scop, la France comptait 1.910 Scop, qui regroupaient 40.734 personnes, pour un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros.

Les meubles pour enfants Vibel sont distribués dans une quinzaine de magasins dans le monde, notamment à Tokyo, à Koweït City ou encore à Prague.

Un des fondateurs de Vibel au début des années 1980, aujourd’hui à la retraite, Jérôme Franck, est venu en aide aux douze “coopérateurs” avec pour rôle, selon lui, d’être “un facilitateur”. “Je ne pouvais pas rester assis et voir le bateau faire naufrage”, estime-t-il.

Ce designer prépare une nouvelle gamme de meubles tournée vers le développement durable où les clients pourront “retrouver l’esprit de la Scop” : des produits fabriqués en France avec des “matériaux locaux comme le bois de peuplier”.

M. Franck souhaite faire prendre un virage à la marque, connue pour ses couleurs vives, en proposant dans cette nouvelle gamme des “éléments plutôt neutres, qui pourront évoluer dans le temps”.

L’objectif est de présenter cette nouvelle collection d’ici septembre : “un pari très gonflé”, selon le designer, après ces mois de difficultés où Vibel a failli disparaître.