Japon : le déficit commercial a quadruplé en mars sur un an

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écharchés sur un terminal du port de Tokyo, le 18 avril 2013 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[18/04/2013 08:49:00] TOKYO (AFP) Le déficit commercial du Japon a quadruplé en mars sur un an, à 362,4 milliards de yens (2,7 milliards d’euros), à cause d’une facture énergétique renchérie par la dépréciation du yen, a annoncé jeudi le ministère des Finances.

Les importations ont grimpé de 5,5% sur un an, du fait d’une augmentation du prix des hydrocarbures et en raison d’arrivages plus importants de semi-conducteurs et de smartphones. Elles se sont élevées au total à 6.633,8 milliards de yens (un peu moins de 52 milliards d’euros), un niveau sans précédent pour un mois de mars.

Les exportations ont pour leur part augmenté moins vite, de 1,1% à 6.271,4 milliards de yens (49 milliards d’euros), tirées par une hausse des livraisons de produits chimiques.

“Il était inévitable que la balance commerciale reste dans le rouge à cause de l’impact des taux de change”, a commenté Masahiko Hashimoto, économiste à l’Institut de recherche Daiwa.

Le yen s’est déprécié de plus de 20% face au dollar et de 25% vis-à-vis de l’euro depuis le mois de novembre, affaibli par les promesses d’assouplissement monétaire du leader conservateur Shinzo Abe, redevenu Premier ministre fin décembre.

La devise nippone était jugée trop élevée depuis deux ou trois ans par les milieux d’affaires du pays, qui accusaient cette cherté de nuire à la compétitivité à l’étranger des produits fabriqués au Japon.

“La baisse de la monnaie japonaise a déjà permis d’élever la valeur des exportations payées en devises et converties en yens, mais leur volume ne semble pas encore franchement rebondir. Il devrait y avoir un décalage avant que l’effet de la dépréciation n’entraîne une amélioration importante” sur les volumes, a jugé M. Hashimoto.

En attendant, “le repli de la devise japonaise accentue l’impact de la cherté des prix de l’énergie exprimés en devises, ce qui provoque le déficit commercial” actuel, a relevé l’économiste.

Le Japon, puissance exportatrice autrefois habituée à dégager de confortables excédents, est en déficit commercial chronique depuis l’accident nucléaire de Fukushima d’il y a deux ans.

Cette catastrophe a entraîné l’arrêt progressif de la quasi-totalité des réacteurs du pays, ce qui contraint les compagnies d’électricité à acheter davantage d’hydrocarbures pour faire tourner à plein leurs centrales thermiques.

En mars, les importations de pétrole et gaz naturel liquéfié (GNL) ont certes un peu baissé en volume par rapport à celles de mars 2012, mais la facture énergétique a néanmoins augmenté à cause de la dépréciation du yen face aux monnaies contractuelles.

La troisième puissance économique mondiale a payé de surcroît davantage pour l’importation de semi-conducteurs et de téléphones multifonctionnels assemblés à l’étranger.

Par région, les importations japonaises ont augmenté de 11,5% en provenance de l’Union européenne (produits médicaux notamment), de 5,1% des “quatre dragons” d’Asie (Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour, avec notamment davantage de semi-conducteurs), de 6,1% depuis l’Asie du Sud-Est (GNL) et de 1,0% depuis la Chine (smartphones).

Les exportations ont moins augmenté et les livraisons de produits électroniques et d’automobiles “made in Japan” ont même diminué.

Par pays, les ventes nippones se sont élevées de 7,0% vers les Etats-Unis, où un certain regain de croissance a dopé les livraisons de machines-outils, d’engins de construction et d’automobiles, et ont progressé de 3,9% vers les “quatre dragons”, en partie grâce aux produits chimiques.

Elles ont en revanche régressé de 4,7% vers l’Union européenne en récession, à cause de ventes déclinantes d’électronique et d’automobiles. Les exportations du Japon se sont aussi contractées de 2,5% vers la Chine, où la croissance donne des signes de ralentissement: les machines-outils, semi-conducteurs et automobiles nippones y ont moins trouvé preneurs.