[22/04/2013 06:58:07] PARIS (AFP) Alors que le pouvoir d’achat des Français a baissé pour la première fois en 30 ans en 2012, les Français estiment que la situation risque d’empirer en 2013 et se préparent à réduire encore leurs dépenses en renonçant à des achats plaisir, et pour certains même à rogner sur l’essentiel.
Selon un sondage 60 millions de consommateurs/Mediaprism, 79% des Français estiment que leur pouvoir d’achat a baissé en 2012 et 77% s’attendent à ce que celui-ci diminue encore en 2013.
En cause: l’augmentation des impôts et taxes, citée par 71,6%, mais également la hausse de prix de plusieurs dépenses contraintes comme l’énergie (85,6%), les produits de grande consommation (72,9%) et le carburant (69,5%).
Résultat: près d’un quart des Français déclare avoir désormais “de plus en plus de mal à joindre les deux bouts en fin de mois” (48,4% chez les personnes gagnant moins de 1.500 euros), et plus de quatre sur dix annoncent “avoir supprimé certaines dépenses et se priver plus qu’avant”.
Pour s’en sortir, plus d’un Français sur deux se trouve ainsi contraint de mettre moins d’argent de côté (54,5%), voire de puiser dans son épargne (52,9%).
Près de huit Français sur dix (76,4%) déclarent également avoir modifié leurs habitudes de consommation.
C’est ainsi que 70% des sondés font plus attention aux gestes simples de la vie quotidienne qui leur permettent de faire des économies, comme limiter leur consommation d’électricité ou adopter une conduite automobile moins gourmande en énergie.
La comparaison des prix des produits (67,4%) ou la recherche effrénée de promotions (61,9%) sont également devenus courants.
Pas seulement les dépenses futiles
Plus de la moitié des Français a même globalement réduit sa consommation, tandis que 67,7% ont repoussé certains achats.
Ces comportements vont se poursuivre voire s’accentuer en 2013, notamment la réduction de la consommation (58,4%) ou le fait de casser sa tirelire pour équilibrer son budget (61%).
En 2013 comme en 2012, les postes les plus impactés par ces arbitrages seront les loisirs (65,9%), les vacances (62,9%) ou l’habillement (64,9%).
Les dépenses automobile, d’énergie ou de télécommunications, relativement préservées jusqu’à maintenant, feront à leur tour l’objet de coupes sévères en 2013.
“L’heure n’est plus aux petits ajustements, elle est aux remises en cause plus drastiques. Les Français ont déjà réduit leurs achats plaisir, leurs dépenses inutiles, en 2013, ils vont resserrer leur ceinture d’un nouveau cran et taper dans l’essentiel”, souligne Thomas Laurenceau, rédacteur en chef de 60 millions de consommateurs.
Seule l’alimentation, que 50% des Français avait limitée en 2012, sera un peu plus préservée (39,6%). “Il est possible que l’affaire de la viande de cheval ait agi comme le signal qu’un plancher a été atteint”, note l’association.
Ce sentiment de devoir rogner sur tout devrait particulièrement se faire sentir chez les plus modestes.
“Il y a désormais une vraie fracture entre ceux qui ont encore un peu de marge de manoeuvre, et les autres qui ont déjà réduit tout ce qu’ils pouvaient et qui vont désormais devoir tailler dans les besoins de base”, souligne M. Laurenceau.
Parmi les personnes gagnant moins de 1.500 euros par mois, 91% déclarent avoir déjà profondément modifié leurs habitudes de consommation, réduisant aussi bien leurs dépenses d’alimentation (65,3%) que celles de santé (33,4%).
En 2013, elles vont encore accentuer cette tendance. Alors que seules 5% des ménages gagnant plus de 3.000 euros envisagent de réduire ses dépenses de santé, elles sont 32% chez celles en dessous du Smic.
“Dans les ménages les moins aisés, une personne sur deux (52%) renonce à préserver sa santé: elle n’en a pas les moyens”, remarque M. Laurenceau.
“On est loin de la chasse aux dépenses futiles. Derrière la question du pouvoir d’achat, ce sont désormais des éléments constitutifs de notre pacte social qui se jouent”, conclut-il.