Depuis la «révolution» tunisienne, le pays dans son ensemble ne cesse de subir les affres d’une image d’un islamisme radical qui nuit à la cohésion des Tunisiens et à la sécurité du pays. Dans ce paysage, une ville trône avec un statut particulier. Il s’agit de Hammamet. D’abord, car elle est la destination touristique phare du pays, ensuite car elle est quasiment prise d’assaut par toutes les «manifestations» du radicalisme religieux.
Faut-il se souvenir des images de la prière d’“Aid El Fitr“ passée où un trône spectaculaire a été placé sur l’eau en bord de plage? Faut-il se rappeler des décentes de la police dans un hôtel à la recherche de couples non mariés? Faut-il mentionner que Hammamet a été englobé dans le tout dernier «Envoyé spécial» dédié à la Tunisie et qui a porté préjudice à la destination en y montrant des jeunes crier qu’ils sont tous des “Oussama Ben Laden“ au pied du Fort de Hammamet?
Une fois encore, Hammamet s’apprête à vivre un début du mois de mai sous les lumières avec la visite du prédicateur Mohamed Hassen. Les préparatifs vont bon train et on croit savoir que le stade de la ville est déjà réservé pour jeudi 2 mai à 16h30. Un événement qui fera autant le plein que la polémique et qui mettra une fois de trop Hammamet au devant de la scène.
Le propos de cet article n’est pas d’interdire ou pas pareilles manifestations, mais d’attirer l’attention sur les conséquences de pareils événements dits «culturels» à la veille de la saison touristique qui pique du nez et d’une grande campagne de promotion sur la marché français qui sera lancé vers le 15 mai selon les récentes déclarations du ministre du tourisme, Jamel Gamra.
Une campagne qui coûte cher surtout à un moment où l’argent se fait rare et devient de plus en difficile à trouver. Un argent qu’il ne faut peut-être pas dépensé, au vu des réactions attendues des médias français et tunisiens à cette visite.
Pour rappel, le prédicateur Mohammad Hassan, célèbre pour sa fatwa en faveur de l’excision (mutilation sexuelle féminine), s’est trouvé interdit de visiter la Tunisie en août 2012 où il comptait tenir des conférences et des prêches. A l’époque, il avait déclaré que cette décision du gouvernement peut être liée à la volonté d’éviter des perturbations comme celles survenues lors de la visite de Wajdi Ghanim. Un scenario qui risque de se répéter, et pour cause!
Ceci dit, Hammamet est une marque, probablement avec Djerba, une des rares du tourisme tunisien qui fait vendre et difficilement rêver. Pourquoi s’acharner sur la ville et chercher par tous les moyens à faire coller son nom à une image d’islam radical qui ne ressemble en rien à celui que pratiquent les Tunisiens et Tunisiennes?
Et si pour une fois, les réactions s’organisaient autrement! Et si pour une fois, le tourisme, la profession et la société civile travaillaient main dans la main mais à l’organisation d’un méga événement avec un cordon humain et solidaire pour dénoncer pacifiquement les propos de haine et de violence prononcés la veille ou le surlendemain? Et si le même jour, Yasmine Hammamet était investi par une autre manifestation qui respire la vie et la joie?
Pour cela, il faut des associations qui se déploient sur le terrain, un syndicat d’initiative du tourisme qui a du punch et une vraie force de frappe, des partis politiques qui savent que le tourisme est vital pour le pays, des professionnels ancrés dans leur région et des fédérations locales qui ont du poids et de la vision. En gros, tout ce que le tourisme dans la ville de Hammamet n’a pas!
Tant que tout ce beau monde n’investira pas le terrain, les rues, les villages, les zones touristiques ou pas, la Tunisie restera prise en otage par une minorité bruyante et violente. Tant que tout ce beau monde n’investira le tourisme, c’est tout le secteur qui continuera de plonger et de plomber l‘économie nationale en emportant avec lui des milliers d’emplois précieux et les rêves d’une «révolution» échouée!