à Juvisy-sur-Orge le 26 novembre 2012 (Photo : Chesnot) |
[24/04/2013 13:24:00] PARIS (AFP) Les deux dispositifs phares du gouvernement pour les jeunes (emplois d’avenir et contrat de génération) sont insuffisamment ciblés sur les moins qualifiés et le secteur privé, selon une étude publiée mercredi, qui préconise de les réorienter à “budget constant” vers des mesures plus efficaces.
Pour insérer les 900.000 jeunes “à la dérive” ne cherchant plus d’emploi, la politique est “mal orientée”, juge le Conseil d’analyse économique dont l’étude a été présentée au Premier ministre Jean-Marc Ayrault mardi.
En France, les jeunes sont “massivement rejetés”, leur taux d’emploi y est 1,5 fois plus faible qu’au Royaume-Uni ou en Allemagne, a relevé Pierre Cahuc, co-auteur de cette étude avec Stéphane Carcillo et Klaus F. Zimmermann, lors d’une présentation à la presse.
Ainsi, 1,9 million de jeunes de 15 à 29 ans ne sont ni en emploi, ni dans une école, ni en formation, soit 15% de la classe d’âge en moyenne sur la dernière décennie, et parmi eux 900.000 ne cherchent plus d’emploi, selon l’OCDE. Plus de 40% n’ont pas dépassé le collège, 80% se sont arrêtés au lycée.
à Juvisy-sur-Orge le 26 novembre 2012 (Photo : Chesnot) |
“La solution n’est pas de les placer dans des emplois du secteur public ou associatif dont toutes les études démontrent l’inefficacité du point de vue du retour à l’emploi”, estiment les trois économistes.
Les emplois d’avenir, essentiellement ciblés sur ce secteur non-marchand avec une subvention de 75%, “doivent être réorientés vers le privé” pour y financer 120.000 contrats (aidés à 50%), avec une formation “exigeante” à mi-temps, affirme M. Cahuc. Parallèlement, 75.000 pré-apprentissages dans les écoles de la deuxième chance et les centres d’insertion de la Défense pourraient être soutenus, affirme-t-il.
S’agissant des contrats de génération, “il n’est pas efficace” que l’aide prévue de 4.000 euros s’applique à “tous les jeunes, indépendamment de leur salaire d’embauche”, relèvent les économistes. Pour “limiter les effets d’aubaine”, ils préconisent de réserver l’aide aux salaires inférieurs à 1,6 Smic.
L’argent économisé, 500 millions d’euros selon leurs calculs, doit aller d’urgence renforcer l’accompagnement vers l’emploi des jeunes les moins diplômés, et notamment les missions locales.
à Dijon (Photo : Philippe Wojazer) |
Ces dernières, à “l’efficacité très variée”, doivent être réformées au préalable et placées sous un “pilote unique”, Pôle emploi, suggèrent-ils.
Mieux accompagnés, les jeunes chômeurs devraient en outre tous pouvoir accéder dès 18 ans au Revenu de solidarité active (RSA socle, environ 460 euros), recommandent les économistes.
Alors que le gouvernement a annoncé à la rentrée 2013 une “garantie jeunes” en ce sens, la perception de ce revenu devrait être “conditionnée” à une obligation de recherche d’emploi très contrôlée, un accompagnement personnalisé et si besoin une formation qualifiante, insistent-ils.
Actuellement, un jeune de moins de 25 ans doit avoir travaillé deux ans pour toucher le RSA, une condition qui exclut la grande majorité.
Les auteurs appellent par ailleurs à réformer la taxe d’apprentissage pour qu’elle serve à former davantage de non diplômés.