Des diamants sur mon iPhone : à Hong Kong, le luxe à la chinoise

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é dans une vitrine à Hong Kong le 23 avril 2013 (Photo : Anthony Wallace)

[25/04/2013 08:53:46] HONG KONG (Chine) (AFP) Si à 30 ans on ne possède pas un iPhone incrusté de diamants ou une Rolls intérieur cuir à ses initiales, on a raté sa vie: Hong Kong, paradis de la détaxe, est le supermarché du luxe personnalisé, souvent kitsch, pour la nouvelle Chine opulente.

Niché dans le ventre d’un centre commercial rutilant, tout en marbre et dorures, le DG Lifestyle Store propose de satisfaire les caprices les plus indécents de ses clients insupportés par l’idée de se coller un téléphone d’usine sur l’oreille.

Le prix à payer pour se distinguer de la masse? 200.000 dollars de Hong Kong, l’équivalent de 20.000 euros.

A ce “tarif d’ami”, on s’offre un iPhone 5 à coque d’or rose rehaussé de diamants de 7,28 carats formant le chiffre “5”.

“C’est différent”, clame Cheryl Chan, une Hongkongaise femme au foyer rencontrée au “DG” en train de feuilleter un catalogue d’ordinateurs portables, de tablettes et de smartphones customisables à souhait.

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à Hong Kong, le 23 avril 2013 (Photo : Anthony Wallace)

“Il y a tellement de choix. Je veux juste une couleur reflétant ma personnalité”, explique-t-elle, se disant prête à débourser 10.000 dollars (1.000 euros) pour une couche de bleu ou de vert.

La Chine, qui assure déjà 25% des dépenses de produits de luxe dans le monde, devrait devenir en 2020 le premier marché pour ce secteur avec 44% du chiffre d’affaires mondial.

Comme en Russie au début des années 1990, des fortunes considérables s’y constituent, dans l’immobilier, le BTP, le commerce, la manufacture, le charbon… Et comme en Russie, les milliardaires y ont le goût du tape-à-l’oeil.

“Ils adorent ça, c’est spécial. Ils se moquent du prix”, assure la directrice du magasin, Lui Cytheia. “Pour eux, l’attitude est: si tu as un iPhone et moi aussi, pourquoi avoir le même?”.

Un Chinois de Chine populaire (Hong Kong est une région chinoise autonome) lui a récemment commandé 70 iPhones relookés en faisant un chèque de 800.000 dollars (80.000 euros).

“C’est la tendance (…). Dans le monde numérique, on affirme son identité à travers les réseaux sociaux. Dans le luxe, c’est la customisation”, analyse Mariana Kou de la société de courtage CLSA.

Comme Salvatore Ferragamo, qui propose des sacs à main dans 40 coloris différents, en cuir de lézard, python, autruche, les grandes marques font du sur mesure. Ermenegildo Zegna pour les costumes, Rolex pour les montres.

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ésenté le 23 avril 2013 dans une vitrine à Hong Kong (Photo : Anthony Wallace)

Rolls-Royce est un modèle du genre. Ses Phantom sont “préparées” dans 80% des commandes, de la couleur de la carrosserie à la sellerie gravée au nom du propriétaire.

“Voilà le luxe de Rolls-Royce. Il ne s’agit pas d’une voiture générique mais d’une voiture fabriquée pour vous”, avance le directeur Asie de Rolls-Royce, Paul Harris.

Le designer Stuart Hughes estime que les deux tiers de ses clients viennent de Chine. Un homme d’affaires de Hong Kong lui a acheté un iPhone tout or et diamants pour 15 millions de dollars américains (12 millions d’euros), vraisemblablement le plus cher du monde.

“Les Chinois dépensent énormément, pour eux-mêmes ou pour offrir. Ils veulent un joli téléphone, différent, avec des modifications qui le rendent unique”, confie-t-il.

La customisation n’est d’ailleurs pas l’apanage des Chinois.

Venu “habiller” son iPad mini pour une trentaine d’euros, Alexis Baron dit vouloir “quelque chose d’un petit peu original et pas se retrouver avec la +smart cover+ de tout le monde”.

Son budget est plus modeste mais son aspiration est la même.

“Quand on a un accessoire comme l’iPad qui est justement très standard, soit le blanc, soit le noir, on va vouloir le customiser”, explique ce banquier français installé à Hong Kong depuis deux ans.