à Paris (Photo : Joel Saget) |
[25/04/2013 15:56:32] PARIS (AFP) Faire pousser ses chaussures, son blouson ou sa maison grâce à des organismes vivants pourrait bien devenir une simple habitude, tout comme imprimer des algues pour se nourrir ou avoir recours à des abeilles pour fabriquer de la vaisselle.
C’est ce que montre une exposition intitulée “En Vie, aux frontières du design”, conçue avec l’université des arts Saint Martins de Londres, qui s’ouvre vendredi à la l’Espace Fondation EDF à Paris.
S’appuyant sur les dernières innovations de la biologie synthétique et des nouvelles technologies du design, elle propose, à travers une série de prototypes, installations et machines, de découvrir le travail de designers et chercheurs internationaux qui utilisent des matériaux vivants pour produire tout ce dont nous avons besoin pour vivre au quotidien.
Des champignons, des bactéries, des abeilles ou des plantes fabriquent ainsi chaises, vêtements, nourriture, énergie et les maisons poussent grâce à la technique ancestrale arboricole de la greffe en respectant l’environnement et la planète.
“Ce mouvement a démarré il y a environ trois ans et entraîne des modes de production très nouveaux qui ont un impact énorme sur le design et l’architecture, qu’il s’agisse d’habitat, de mobilier, de design culinaire, de textile, de mode, d’énergie”, explique Carole Collet, commissaire et maître de conférence en textiles du futur à l’université de Saint Martins à Londres.
, le 25 avril 2013 (Photo : Joel Saget) |
Décliné en cinq parties, le parcours, poétique et pédagogique, entraîne le visiteur dans l’univers de designers “plagiaires”, “nouveaux artisans”, “bio-hackers”, “nouveaux alchimistes” ou “agents provocateurs”.
Une immense “suspension” du Canadien Philip Beesley, comprenant des milliers de composants légers équipés de microprocesseurs qui imitent cristaux et plumes, réagit aux mouvements tel un organisme vivant.
Les textiles intelligents de la Britannique Elaine Ng Yan Ling imitent les écailles de pommes de pin s’ouvrant et se refermant avec les changements de température et le taux d’humidité, et une structure architecturale croît comme une plante en réagissant aux phototropisme (réaction à la lumière), géotropisme (réaction à la gravité) ou thigmotropisme (réaction au toucher).
“Peaux murales”
Le Français Emile de Visscher fait pousser des perles avec une nacre issue d’un composite de verre plongé dans différents bains de céramique, d’eau et de plastique soluble.
Des Américains imaginent des “peaux murales” qui imitent le comportement des cellules de la peau avec une consommation d’énergie minimale.
Un “bioprinter” (Marin Sawa) permet de cultiver et d’imprimer des micro-algues comestibles à usage domestique et des bactéries “digèrent” de la cellulose pour fabriquer des textiles dont sont issus chaussures et blousons (Suzanne Lee).
éer un récif pour sauver Venise, présentés à Paris le 25 avril 2013 (Photo : Joel Saget) |
Tomas Libertiny défie la production de masse en utilisant 60.000 abeilles pour fabriquer un vase, l’Américain Philip Ross s’intéresse à des champignons qui transforment la sciure de bois en concrétions pour fabriquer chaises et briques. D’autres inventent un habitat qui pousse à volonté à partir d’arbres greffés ou de l’énergie produite avec de la mousse de sous-bois.
La réflexion va très loin avec des projets basés sur “la reprogrammation du vivant” et l’association de la chimie ou de la biologie avec la robotique et les nanotechnologies pour créer des organismes hybrides comme les drones agricoles du futur.
Des agents chimiques sous forme de gouttelettes pourraient permettre de recréer un récif mi-synthétique, mi-naturel actif, pour sauver Venise menacée d’effondrement par l’érosion.
Une dernière partie consacrée à “l’écologie high tech” interroge l’éthique, comme la fusion de matériel génétique humain avec le génome du cactus, des microrobots alimentés par des poussières domestiques qui s’occupent de nos corps ou encore le “rétrécissement” des êtres humains afin d’économiser les ressources de la planète.
(“En Vie” , Espace Fondation EDF, 6 rue Récamier 75007 Paris- du 26 avril au 1er septembre, entrée gratuite).