Zone euro : les crédits au privé reculent encore, les PME touchées

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ésident de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, le 4 avril 2013 à Francfort en Allemagne (Photo : Daniel Roland)

[26/04/2013 09:42:57] FRANCFORT (AFP) L’octroi de crédits au secteur privé en zone euro a continué de reculer en mars, a annoncé vendredi la Banque centrale européenne (BCE), dont un rapport séparé montre que les PME souffrent particulièrement de la retenue des banques.

Les prêts dans la région ont diminué en mars de 0,8% en glissement annuel, comme en février.

Les crédits aux entreprises non financières ont reculé de 2,4% en mars, contre -2,5% en février, tandis que les prêts aux ménages ont augmenté à un rythme moindre qu’en février (+0,4% contre +0,5%). Les prêts immobiliers aux particuliers, notamment, ont décéléré, progressant de 1,3% en mars après +1,4% en février.

La BCE estime depuis des mois que le marasme des crédits au secteur privé s’explique moins par le resserrement des conditions d’octroi des prêts bancaires que par la faible demande, dans un contexte de récession en zone euro.

D’ailleurs, selon sa dernière enquête trimestrielle publiée mercredi, les banques de la zone euro, dont l’accès aux financements s’améliore, sont de moins en moins nombreuses à durcir leurs conditions de crédit.

Pour Howard Archer d’IHS Global Insight, la morosité du marché du crédit est “clairement un reflet d’une combinaison” des deux, “offre limitée et demande contenue”. “Il est probable que les banques pensent que la situation économique et les perspectives dans la plupart des pays de la zone euro constituent un contexte trop risqué dans lequel prêter”, explique-t-il. Dans le même temps, “la demande est probablement contenue”.

Dans les conclusions d’une enquête sur le financement des PME, menée auprès de plus de 7.500 entreprises de la zone euro et portant sur la période d’octobre 2012 à mars 2013, la BCE indique toutefois vendredi que les besoins de financement de celles-ci ont légèrement augmenté sur la période.

Mais leur accès au crédit s’est détérioré par rapport à la période de six mois précédente, note l’étude, qui conclut que “les conditions de financement des PME continuent à diverger de manière significative entre les pays européens, et à être en général plus difficiles que celles des entreprises plus grandes”.

Pour M. Archer, les données publiées vendredi “font monter la pression sur la BCE pour présenter des mesures destinées à améliorer l’accès au crédit des entreprises”, surtout les plus petites. Les responsables de la BCE sont conscients du problème mais Benoît Coeuré, membre de son directoire, avait prévenu récemment que l’institution n’avait “pas de baguette magique”.

La BCE est attendue au tournant la semaine prochaine, de plus en plus d’observateurs tablant sur une baisse de son taux directeur, déjà très bas, à 0,5%. Mais pour Heinrich Bayer, de Postbank, les chiffres publiés vendredi sont la preuve que “la politique monétaire déjà très accommodante de la BCE n’arrive pas dans l’économie réelle”. Et ils “font douter” de l’efficacité de la baisse des taux anticipée.

La BCE a aussi publié vendredi les chiffres de la masse monétaire en circulation. La croissance de la masse monétaire M3, indicateur avancé de l’inflation en zone euro, a ralenti plus que prévu en mars, à +2,6% sur un an, contre +3,1% en février.