Pressée par Bruxelles, l’Espagne poursuit les réformes mais veut limiter l’austérité

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à Madrid, le 8 avril 2013 (Photo : Pierre-Philippe Marcou)

[26/04/2013 11:10:37] MADRID (AFP) L’Espagne doit annoncer vendredi un nouveau cadre de réformes, sous l’insistance de Bruxelles qui réclame une correction des déséquilibres de son économie, incapable jusqu’à présent d’enrayer la spirale explosive de la récession et du chômage.

Après le programme draconien mis en place sur trois ans afin d’économiser 150 milliards d’euros avant la fin 2014, qui a asphyxié la demande intérieure, ces réformes structurelles destinées à freiner la poussée du chômage et amorcer le retour à la croissance, ne devraient pas être assorties de mesures d’austérité significatives.

Mais le vice-président de la Commission européenne, Olli Rehn, a de nouveau réclamé jeudi au chef du gouvernement de droite, Mariano Rajoy, qu’il présente des réformes “larges et concrètes” afin de corriger les “déséquilibres excessifs” de l’économie espagnole, plongée dans la crise depuis l’éclatement de la bulle immobilière en 2008.

“En dépit des progrès significatifs accomplis en 2012, il reste des déséquilibres macroéconomiques excessifs”, a averti le commissaire européen.

Dans un contexte de profonde crise sociale, au moment où le nombre de chômeurs vient de franchir la barre des six millions, à 27,16% des actifs, le gouvernement, près d’un an et demi après son arrivée au pouvoir, dispose donc d’une marge de manoeuvre très étroite.

Le budget 2013, avec 39 milliards d’euros d’économies, a été bâti sur l’hypothèse d’un recul du produit intérieur brut de 0,5%.

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ésident de la Commission européenne, Olli Rehn, le 25 avril 2013 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

Or, après avoir longtemps reculé, le ministre de l’Economie Luis de Guindos a fini par admettre cette semaine que la récession, dans laquelle est plongée la quatrième économie de la zone euro depuis le dernier trimestre 2011, devrait être bien pire que prévu et se situer cette année entre 1% et 1,5% du PIB, avant le retour à une légère croissance en 2014.

Ces prévisions, qui devraient être confirmées vendredi, poussent Madrid à négocier avec l’Union européenne pour assouplir son objectif de réduction du déficit public, afin de rendre moins douloureux l’assainissement des comptes publics.

Après 7% du PIB en 2012, l’objectif de déficit actuel est de 4,5% cette année puis 2,8% en 2014. Mais le gouvernement a déjà reconnu qu’il souhaitait négocier un seuil de 6% cette année, ainsi que le report de un à deux ans de l’objectif de retour sous la barre des 3%, imposé par Bruxelles.

Un tel assouplissement permettrait au pays de lever le pied en matière de coupes budgétaires, alors que le programme d’austérité historique entrepris par l’équipe de Mariano Rajoy a contribué à approfondir la contraction de l’activité et à faire exploser le chômage.

Le gouvernement souhaite dans ce cadre mieux équilibrer “la réduction du déficit et la croissance économique”, évitant de nouvelles mesures d’austérité “significatives”, a expliqué Luis de Guindos.

“Nous ne ferons pas de coupes comme celles que nous avons faites l’an passé”, a affirmé mardi Mariano Rajoy, même s’il n’a pas exclu des coupes limitées “pour certains volets budgétaires”.

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à Madrid, le 25 avril 2013 (Photo : Javier Soriano)

Après la très impopulaire hausse de la TVA mise en place en septembre 2012, le gouvernement a ainsi écarté de nouvelles hausses d’impôts, en dépit des suggestions de Bruxelles en ce sens.

Il devrait se limiter à annoncer vendredi un nouveau cadre de réformes structurelles qui pourrait, selon la presse, être concrétisé avant l’été.

Le plan comprend une réforme du secteur de l’énergie, très lourdement déficitaire. Ce déficit s’explique par la différence entre les recettes perçues par les compagnies d’électricité, basées sur des prix régulés, et les coûts de production, eux-aussi régulés. Il a atteint 5,6 milliards d’euros en 2012, soit un total cumulé de 29 milliards d’euros à la fin 2012, selon le secrétaire d’Etat à l’énergie, Alberto Nadal.

Parmi les autres réformes attendues, celle de l’administration publique, annoncée de longue date par le gouvernement afin d’en rationaliser les coûts et éliminer les doublons, ainsi que des incitations fiscales pour les petites entreprises et les travailleurs indépendants.

Celles-ci, avait annoncé Mariano Rajoy dès le mois de février, prévoient notamment un assouplissement du régime de la TVA à partir de 2014.