Inviter des investisseurs étrangers à venir investir en Tunisie est, en raison de la situation qui y règne depuis quelques mois, un exercice très difficile. Bien que consciente des risques encourus –notamment d’échec de l’opération- la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) n’a pas hésité à se lancer l’organisation d’une grande manifestation destinée à «vendre» la Tunisie aux investisseurs étrangers, en général, et arabes, en particulier.
Baptisée «Business and Finance Tunisia 2013», et organisée (26-28 mai 2013) en partenariat avec United Expo, une entreprise palestinienne –fondée et dirigée par Haitham Yakhlef- spécialisée dans les manifestations économiques et commerciales, cette rencontre est voulue par ses promoteurs comme «une plateforme d’échanges et d’opportunités d’affaires» ayant trois objectifs: l’ouverture sur le monde arabe –pour renforcer les liens d’affaires entre la Tunisie, le Moyen-Orient et les pays du Golfe-, la mobilisation des investisseurs étrangers –pour permettre à leurs vis-à-vis tunisiens de lancer de nouveaux projets, de «booster» des entreprises en difficulté voire de les valoriser et de les vendre-, et l’identification de partenaires pour exporter ses produits et plus généralement agrandir son réseaux d’affaires.
Cinq moments importants sont prévus dans cette manifestation –qui devrait attirer 150 investisseurs étrangers et 300 entrepreneurs tunisiens- centrée sur huit secteurs (banque et finance, technologie de l’information et de la communication, agriculture et agroalimentaire, commerce et export, infrastructures et construction, industrie et énergies renouvelables, transport et logistique, tourisme et services): un cocktail networking, au début, un dîner gala à la fin, et, entre les deux, un salon professionnel de deux jours (avec 60 exposants et 1.000 visiteurs), plus de 1.000 rendez-vous B2B sur une journée et des ateliers sectoriels sur les opportunités d’investissement dans les 8 secteurs identifiés.
CONECT et United Expo vont centrer leurs efforts sur les investisseurs du Golfe dont ils espèrent attirer un nombre important et, partant, de susciter parmi eux plus d’intérêt pour la Tunisie qu’ils n’en ont eu par le passé. Mais, ainsi que le laisse entendre Haithem Yakhlef, le patron de United Expo, ce ne sera pas chose facile. «Pour attirer les investisseurs arabes, la Tunisie a besoin de combler le fossé qui s’est creusé entre elle et les pays du Golfe et l’Orient». Or, le contexte n’y est pas très favorable.
Si les organisateurs n’ont pas évoqué la polémique qui s’est développée au cours des derniers mois au sujet des relations de la Tunisie post-Ben Ali avec le Qatar –et qui pourrait compromettre leurs efforts en vue d’attirer les investisseurs arabes-, ils n’ont pas manqué de se soucier de l’impact de la conjoncture actuelle sur leur projet. Haithem Yakhlef en particulier reconnaît que «les évènements que la Tunisie a connus au cours des trois derniers mois m’ont lié les mains et empêché de communiquer sur Business & Finance Tunisia 2013, et de dire aux investisseurs d’y venir».
Face à cette situation, il n’y avait que deux choix: «annuler la manifestation, ou la maintenir en la reportant». Tarek Chérif a choisi la deuxième solution. «Il aurait été beaucoup plus facile d’annuler, mais si, dans la situation actuelle du pays, chacun reculait devant les difficultés, on ne s’en sortirait pas», justifie le président de la CONECT.