Edouard-François de Lencquesaing : “En cas de crises, il ne peut y avoir de sortie que par le haut”


edouard-27042013-l.jpgLe
directeur général de l’«European Institute of Financial Regulation»,
Edouard-François de Lencquesaing, qui a participé au Forum de L’Economiste
maghrébin ayant porté sur le thème “Le système financier tunisien
: entre les
défis de la transition démocratique et les opportunités de la bonne gouvernance“
(25 avril), nous a livré son point de vue en tant qu’observateur étranger sur la
place financière tunisienne, sa représentation dans l’économie réelle et ce
qu’il faut faire pour remédier au manque de dynamisation de notre marché
financier.

WMC : Peut-on considérer la dynamisation du marché financier tunisien comme un
projet inachevé?

Edouard-François de Lencquesaing : Après la crise financière de 2008, le monde
est devenu multipolaire fondé sur la diversité et la compatibilité des règles du
jeu. L’instrument de cette évolution est désormais les centres financiers qui
incarnent l’économie réelle et fonctionnent en réseau.

En effet, la croissance implique une finance robuste. Et à partir de cette
règle, le marché financier tunisien doit bien analyser ses atouts et besoins
actuels afin de définir un consensus collectif sur un positionnement de
l’industrie financière en tenant compte également des besoins des investisseurs
et des entreprises.

Je suis en fait convaincu qu’il est temps de fixer une feuille de route
pragmatique avec des résultats tangibles à court terme.


Mais le marché financier tunisien est doté d’une infrastructure digne des
grandes places émergentes…

Généralement, la Bourse est au centre du jeu. Elle est supervisée en haut par
les autorités politiques et les régulateurs, et en bas par les sociétés de
Bourse. Elle est tenue donc à satisfaire en même temps les besoins des
entreprises et des investisseurs. En effet, elle doit savoir définir les bons
services en lien avec les acteurs concernés et compatibles notamment avec les
bonnes pratiques mondiales en la matière.

A cet égard, il ne suffit pas seulement d’avoir une infrastructure sophistiquée
mais le plus important c’est d’avoir un consensus pour pouvoir réellement
financer l’économie à travers la mise en place d’une stratégie collective,
politique de l’épargne, … visant une stratégie d’investissement à long terme. Ce
consensus représente ainsi un défi pédagogique, technique et encore fiscal.

Si on vous suit bien, il s’agit donc de bâtir un nouvel écosystème favorable ?

Effectivement, il faut instaurer et renforcer un marché qui se base sur trois
piliers, en l’occurrence l’infrastructure, la régulation, mais surtout la
supervision. Autrement dit, il faut que les autorités adoptent un système qui se
base en fait sur l’innovation en matière de structures compétitive,
entrepreneuriale et internationale.

De plus, dans les cas de crises économiques et financières, il ne peut y avoir
de sortie que par le haut, c’est-à-dire par une volonté des autorités, laquelle
volonté est basée sur des atouts existants et à travers seulement trois
conditions: un jeu collectif, une vision courageuse et un optimisme industriel.