Un an après son élection, Hollande à l’épreuve des désillusions économiques

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ée à Paris (Photo : Jacques Brinon)

[27/04/2013 09:58:51] PARIS (AFP) Bien en mal de “créer” la croissance sur laquelle il avait fondé son programme de redressement économique, François Hollande a vite été obligé de revoir ses ambitions budgétaires à la baisse, mais poursuit une politique de rigueur et de soutien aux entreprises qui déconcerte à gauche.

Après avoir fait campagne sur la relance de l’économie et de l’emploi par la stimulation de la croissance, François Hollande a dû reconnaître que celle-ci ne serait pas au rendez-vous avant un certain temps.

Alors que la zone euro s’enfonce dans la récession, il acte dans les prévisions présentées ce mois-ci à la Commission européenne que 2013, comme 2012, sera une année de stagnation économique, avant un léger rebond espéré en 2014 (+1,2%).

Ce simple bilan signifie-t-il que le gouvernement socialiste, après un an de pouvoir, est rattrapé par la réalité d’une crise dont il n’aurait pas anticipé l’ampleur? “Nous avons passé la première année à colmater les importantes voies d’eau dans nos finances, dans l’économie”, se défend l’entourage du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, mettant en cause l’héritage laissé par dix ans de gouvernement de droite et par la crise financière.

Soucieuse de “sérieux budgétaire” censé donner des gages à ses partenaires européens, la France de François Hollande privilégie d’emblée la voie de la rigueur. Pour ramener le déficit public à 3% du PIB dès 2013, l’exécutif met en oeuvre un effort de plus de 30 milliards d’euros, dont deux tiers par des hausses d’impôts sur les ménages et les entreprises.

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ée à Paris (Photo : Philippe Wojazer)

Au grand dam d’une partie de la gauche pour laquelle la différence est ténue avec la politique de Nicolas Sarkozy. “La politique budgétaire, qui est la politique centrale, est exactement la même aujourd’hui que celle du précédent gouvernement”, estime Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques.

“L’espoir qui avait été mis peut-être par certains citoyens dans un changement de politique est finalement un espoir déçu”, ajoute-t-il, en évoquant des “différences marginales” comme le choix des emplois aidés pour remplacer le “travailler plus pour gagner plus”.

Mais ce n’est pas tout. Faisant “tomber de l’arbre” nombre de parlementaires de la majorité, M. Hollande annonce en novembre qu’une hausse de la TVA, des mesures de fiscalité écologique et de nouvelles économies viendront financer une baisse d’impôts de 20 milliards d’euros par an pour aider les entreprises à reconstituer leurs marges, investir, innover et “bien sûr embaucher”.

Face à ce vaste programme de relance de la compétitivité, la presse évoque un tournant social-démocrate, vite assumé par le ministre de l’Economie Pierre Moscovici qui parle de “révolution copernicienne pour la gauche” d’ordinaire plus encline à soutenir la consommation.

Le chef de l’Etat mise tout sur ce plan pour relancer une croissance au point mort. Son principe est voté. “Lamentable”, peste le leader du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon.

Mais en février, ce qui n’était encore qu’une inquiétude se transforme en désillusion pure et simple: dans ses prévisions, la Commission européenne table sur une croissance française de 0,1% seulement en 2013 (contre 0,8% affiché par le gouvernement) et surtout estime que Paris ne tiendra pas la cible de déficit à 3%.

Alors que la popularité du président n’en finit plus de tomber, il est obligé de revoir l’ensemble de ses objectifs initiaux, y compris l'”intangible” 3%.

Et même s’il promet qu’il n’y aura pas de nouveau tour de vis budgétaire cette année et que l’essentiel de la réduction des déficits s’effectuera désormais par des économies dans la dépense, il a du mal à convaincre alors que se profilent aussi des coupes dans les allocations familiales et une nouvelle réforme des retraites.

Justement, de grandes organisations comme le FMI ou l’OCDE mais aussi de nombreux économistes et plusieurs gouvernements européens commencent à remettre en cause le rythme effréné de l’austérité, coupable d’avoir cassé la croissance. “Il faut changer de stratégie, sinon c’est un peu suicidaire”, observe Eric Heyer. “Il ne s’agit pas de changer complètement de cap et de passer à la relance, mais d’aller vers une austérité plus mesurée”.