Italie : Bruxelles appelle à continuer les réformes mais peu de marge de manoeuvre

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éenne, Herman Van Rompuy, le 15 mars 2013 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[28/04/2013 14:26:00] BRUXELLES (AFP) Le président de l’Union européenne, Herman Van Rompuy, a exhorté dimanche le nouveau gouvernement italien à poursuivre les réformes, mais les économistes ne sont pas unanimes sur la voie que va choisir le pays, même s’il a peu de marge de manoeuvre.

Enrico Letta, 46 ans, qui vient de prêter serment à la tête d’un gouvernement de large coalition après deux mois de crise politique, aura “le soutien plein et entier des institutions européennes dans la poursuite des réformes que l’Italie a entreprises”, a déclaré M. Van Rompuy dans un communiqué.

Ces réformes sont “nécessaires pour la croissance et l’emploi et respectueuses de finances publiques saines”, selon le président du Conseil européen, qui a également rendu un hommage appuyé au prédécesseur de M. Letta, l’ancien commissaire européen Mario Monti, sanctionné dans les urnes après avoir mené une cure d’austérité drastique et réformé les retraites et le marché du travail.

Sous le gouvernement de M. Monti, “l’Italie a mené des réformes difficiles mais nécessaires pour remettre de l’ordre dans ses finances et promouvoir la compétitivité. Ces résultats importants ne sont pas seulement dans l’intérêt de l’Italie, mais de l’ensemble de l’Europe et de la zone euro”, a insisté M. Van Rompuy.

Le message est on ne peut plus clair. Reste à savoir si le gouvernement italien, issu d’une coalition fragile entre partis ennemis, aura la volonté et les moyens de mener une telle politique ou s’il choisira de tourner le dos à l’austérité.

Pour l’économiste André Sapir, du centre de réflexion Bruegel, basé à Bruxelles, M. Letta et son ministre de l’Economie Fabrizio Saccomanni, issu de la Banque centrale italienne “sont désireux de continuer les réformes” car “ils ont une perception claire des problèmes de l’Italie sur le long terme”.

“Il n’y a clairement pas de cassure, ils auraient pu faire partie d’un gouvernement Monti”, estime-t-il.

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à Rome (Photo : Filippo Monteforte)

Pour lui, l’Italie a “moins de marge de manoeuvre que la France” pour remettre en question la rigueur, et “étant donné son niveau de dette, elle va continuer dans les mesures d’assainissement” budgétaire.

La dette de l’Italie devrait atteindre un pic cette année à 128,1% du PIB, selon les dernières prévisions de la Commission européenne. Or le FMI ne juge pas qu’une dette est tenable à long terme au-delà de 120% du PIB.

Contrairement à son collègue, Daniel Gros, du think tank CEPS (Centre for European Policy Studies) “ne pense pas que le nouveau gouvernement fera grand-chose” pour poursuivre les réformes structurelles entamées par Mario Monti, car la situation a changé depuis l’an dernier.

La raison, c’est que “les marchés ont moins peur, la prime de risque a baissé”, selon lui. “Or, quand elle baisse, les responsables politiques réagissent en baissant la garde”.

L’Italie a emprunté ces jours derniers sur les marchés à des taux en net recul. Son taux d’emprunt obligataire est passé cette semaine sous les 4%, pour la première fois depuis fin 2010.

André Sapir convient que se pose désormais, partout en Europe, la question “de la rapidité de l’ajustement budgétaire”, sur fond de remise en cause des politiques de rigueur jusqu’au sein des institutions européennes.

Reste à savoir si le nouveau gouvernement italien va peser dans le rapport de force entre les pays de la zone euro qui insistent sur l’ajustement budgétaire, comme l’Allemagne, et ceux comme la France qui réclament de la souplesse.

“Mario Monti espérait que du point de vue allemand, il y ait quelque chose de fait”, par exemple sous forme de relance de la consommation intérieure et de baisse de l’excédent commercial. “Je présume que c’est ce que le nouveau gouvernement italien va espérer aussi, et c’est ce qu’on espère dans l’ensemble du sud de l’Europe: que les efforts soient partagés”, explique André Sapir. Mais pas question de tourner le dos aux réformes, sous peine de ne pas être crédible aux yeux de Berlin, selon lui.

Quant à Daniel Gros, il estime que la seule chose qui compte aux yeux des Etats, “ce n’est pas le rapport de force au Conseil européen, mais la pression des marchés”.