Quatrième constat, concernant le solde extérieur et les réserves en devises: dix des onze pays de l’échantillon sont entrées dans la phase d’instabilité avec un grand déficit courant.
Par la suite, les pays de l’échantillon n’ont pas évolué de la même manière dans ce domaine. Dans sept d’entre eux, le solde extérieur s’est amélioré considérablement au bout de cinq ans et a empiré dans les quatre autres.
Dans ces cas passés d’instabilité politique, la confiance des investisseurs a été ébranlée entraînant une forte baisse des investissements directs étrangers. Se combinant, le déjà important déficit courant et les plus faibles flux de capitaux –ainsi que la fuite de capitaux- entraînent une baisse des réserves de devises dans plusieurs pays. Qui reviendront progressivement –au bout de quatre ans- à leur niveau d’avant crise.
Dans les PAT (pays arabes en transition), les déficits extérieurs se sont creusés durant les 5 années précédant 2011. Ils se sont aggravés davantage –de près de 2% du PIB- durant l’année 2011-12, les IDE et autres flux financiers ont également chuté, ainsi que les réserves financières brutes qui ont fortement baissé. Au total, on prévoyait que la baisse de ces réserves à fin 2012 devait atteindre près de 40% du niveau de réserves à fin 201O.
Le dernier constat concerne le taux de change et l’inflation. Nombre de pays de l’échantillon –mais pas tous- ont réussi à maintenir ces taux stables. Dans ces pays (Côte d’Ivoire, Honduras, Madagascar, Paraguay, Afrique du Sud et Togo), qui ont des «vulnérabilités externes gérables», comprenant à la fois des régimes de taux de change fixes et flexibles, n’ont pas connu –ou peu- de dépréciation supplémentaire de leur taux change durant l’année de l’évènement politique et la suivante. De même, l’inflation dans ces pays était plus faible ou au même niveau que les deux années précédentes.
A l’opposé, les pays ayant de fortes vulnérabilités externes (Albanie, Argentine, Corée, Myanmar, Philippines) ont vu leurs réserves subir des «pressions significatives» et les autorités ont dû décider de fortes dévalorisations des monnaies ayant atteint de 12 à 18% dans certains cas. Ce qui a entraîné une augmentation des prix à l’import et, partant, du taux d’inflation moyen (entre 7 et 17%).
Dans les Pays Arabes en Transition, les décideurs ont limité les «mouvements» du taux de change durant l’année 2011-12 et les développements de l’inflation sont restés généralement «bénignes». Mais à mesure que les réformes politiques progressent, les autorités dans plusieurs pays de la région cherchent à développer «un kit d’outils de politique monétaire plus riche», incluant une plus grande flexibilité des taux de change, «pour aider à faire face aux vulnérabilités externes croissantes et renforcer la compétitivité extérieure».
Pour ce qui est de l’avenir à moyen terme, les experts du FMI estiment que la reprise dans les PAT est compliquée par une faible demande extérieure (notamment de la part des partenaires européens), les prix élevés des produits alimentaires et des hydrocarbures et «le besoin d’importantes consolidations fiscales en raison des faibles situations budgétaires initiales» dans ces pays. De ce fait, la reprise économique risque, d’après ces experts, «d’être différée encore plus que dans les épisodes passés d’instabilité politique». De même, «les pressions sur la stabilité fiscale et externe vont probablement devenir plus intenses». De ce fait, et même si «les actions politiques peuvent atténuer certains de ces facteurs adverses», les gouvernements de transition faibles «pourraient trouver difficile la mise en œuvre de mesures pour maintenir la stabilité macroéconomique et éviter un effondrement prolongé de la croissance».
Source : FMI, «The Economics of Political Transition : Implications for the Arab Spring»
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