Les Français consomment moins, symptôme d’une morosité qui s’installe

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é (Photo : Sebastien Bozon)

[30/04/2013 14:49:23] PARIS (AFP) Traditionnel moteur de la croissance en France, la consommation des ménages a reculé au premier trimestre 2013, symptôme d’une morosité économique qui s’installe et amoindrit encore l’espoir d’une reprise d’ici à la fin de l’année, selon des économistes.

La parution des chiffres de l’Institut national des statistiques et des études économiques (Insee) mardi a d’abord donné lieu à une bonne surprise: en pleine croissance zéro, la consommation des ménages, qui lui est vitale, a rebondi en mars de 1,3%, après deux mois de baisse.

Mais cette reprise, tirée notamment par les dépenses en énergie à cause du des températures basses en mars, n’a pas été suffisante pour empêcher un recul de la consommation de 0,4% au premier trimestre 2013 par rapport au précédent (-0,1%).

Rappelant que les dépenses alimentaires (+2,6%) ont également augmenté en mars, après plusieurs mois de baisse ou de stagnation, Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis observe que “ce sont uniquement des considérations de besoin qui guident les dépenses des ménages” aujourd’hui.

“On n’est pas du tout dans l’achat plaisir, on le voit bien sur le textile qui est en recul de 10% sur un an”, explique-t-il à l’AFP.

De fait, les dépenses en automobiles diminuent également en mars (-0,9% après +2,7% en février), même si elle “limitée au regard des immatriculations”, explique Hélène Baudchon économiste chez BNP-Paribas dans une note. En revanche, la consommation en biens d’équipement pour la maison se reprend légèrement (+1,2%) tout en restant en recul de 0,7% au premier trimestre par rapport à fin 2012.

“Difficile d’être optimiste” pour 2013, estime M. Caffet. Augmentation du chômage et de la pression sur les salaires, “gel du marché immobilier” qui paralyse les achats de meubles et d’électroménager, augmentations d’impôt…, énumère-t-il.

“Le revenu des ménages va ralentir encore en 2013, les prix ralentissent aussi mais pas aussi fortement donc, en termes réels, on va avoir une baisse très probable du pouvoir d’achat des ménages en 2013”, après déjà une baisse historique de 0,4% en 2012, prévient l’économiste.

Baisse sur l’année

Selon lui, ce mauvais premier trimestre annonce une baisse de la consommation sur l’année, de “probablement 0,2% ou 0,3%”, qui accompagnerait une année de récession. “Ca ne s’est jamais vu en France, un recul de la consommation n’a eu lieu qu’une fois, en 1993”, a-t-il détaillé.

“Ce serait un record”, notamment au regard des performances de la consommation “sur les dix dernières années qui avait augmenté de 2 à 2,5% par an”, poursuit l’économiste.

Dans ces conditions, et puisque l’autre moteur de la croissance du PIB, le commerce extérieur, ne redémarre pas, l’objectif affiché par le gouvernement d’une reprise, même légère, au deuxième semestre est quasi inatteignable.

“La consommation devrait rester faible toute l’année malgré une certaine contraction du taux d’épargne et s’établir à -0,4% en 2013”, confirme Fabrice Montagne, de Barclays.

En général en effet, les Français dont le bas de laine est bien garni contre-balancent en partie leur baisse de pouvoir d’achat en épargnant un peu moins. Mais là encore, les risques liés au chômage et à la dégradation de la situation économique pourraient au contraire les encourager à renforcer leur épargne.

Seule Hélène Baudchon se montre moins pessimiste. “Le deuxième trimestre démarre bien avec un acquis de croissance de +0,8% des dépenses de consommations en biens”, grâce au bon résultat de mars, estime-t-elle. Mais “ces dernières ont certes très peu de chances de rester stables trois mois d’affilée compte tenu de la montée du chômage et de la restriction budgétaire: des baisses sont encore à prévoir”, reconnaît-elle.