Le 1er mai? C’est le jour où, au réveil, on trouve sa Jolie grappe de clochettes blanches et odorantes sur l’oreiller! C’est donc journée stress-less. Mais quel calvaire pour les work-less, ceux-là qui n’ont pas le bonheur d’avoir un emploi. Les inviter à célébrer la journée du travail, c’est le bouquet!
Le travail c’est ce qui devrait rester, une fois qu’on a tout oublié. Hélas, pour beaucoup d’entre nous, la communauté, qui s’est pourtant saignée à les former, ne leur renverra pas l’ascenseur social. Même à accepter de commencer par le plus bas de l’échelle, que c’est déjà hors de leur portée. Les temps sont durs, la vie est chère, et le salaire, pas facile à traire.
Le 1er mai : le calvaire des «demandeurs d’emplois non satisfaits»
La science économique est une branche de savoir, bien cynique. Elle entend traiter les chômeurs, avec égards, affaire de ne pas froisser leur sensibilité. Alors, respectueusement elle les désignera par ce vocable ronflant et pompeux, de «demandeurs d’emplois non satisfaits». C’est une façon de laisser entendre qu’ils seront servis, le moment venu? Beaucoup ont attendu leur tour et ce jour est regardé comme un mirage.
Pour beaucoup d’entre eux, à qui on a dit, ’’une fois diplôme en poche, le salaire garanti’’, l’attente doit paraître lourde. Même la maigrichonne prime Amal a fait long feu. Et, une fois encore, ils retrouvent leurs yeux pour pleurer.
En tout cas, bravo, l’honneur est sauf, les chômeurs ne seront pas vexés et on leur cachera, par cette virgule sémantique, qu’ils sont chômeurs. Bien vu! Se soucier de ne pas heurter quelqu’un qui, du matin au soir, hurle à gorge déployée, qu’il lui faut un emploi pour retrouver sa pleine dignité, et voilà les économistes qui se dépêchent de lui enrober sa triste réalité en le roulant dans le titre du «Sieur demandeur d’emploi, non satisfait». Y a pas photo ! Ce remontant est un vrai crève-cœur. Etre listé à cette rubrique c’est la garantie de ne jamais voir la couleur d’une fiche de paie. L’ennui c’est que même le BIT y va du sien et valide la formule. Y a pas photo! On achève bien les chômeurs. En leur rendant les honneurs.
Alors le 1er mai c’est jour de chance puisqu’ils font jeu égal avec les autres. Enfin, pas tout à fait. Quoique chômé le 1er mais est journée qui sera tout de même payée pour les veinards. Ces gaillards, ronds de cuir, dixit la littérature sociale, ces enragés de productivité, qui trustent notre administration. Et nos vaillants travailleurs, ces stakhanovistes acharnés et indomptables qui, dans nos usines, exigent de se faire payer aux pièces, de monnaie cela s’entend. Ainsi que nos laborieux exploitants agricoles les violents de la faucille et de la pioche, qui, dans nos champs, travaillent et prennent de la peine.
De toute façon, comme le disait de Lafontaine «pour tous, c’est les fonds qui manquent le plus».
Tunisie : Le pays qui a fermé sont institut national de la productivité
La Tunisie a toujours voulu se comparer à la Suisse. Ah, Confédération helvétique de nos rêves. Nous nous rapprochons de vous. Je vois que nous avançons et aux dernières indications de productivité, au vu de nos records absolus de rendement, nous serons à hauteur de la Corse (en France). Nous sommes sur la bonne voie. On n’a pas fini de ramer, je vous dis. D’ailleurs, pour ce qui est de ramer, on le fait de bas en haut. Huit mois pour changer de gouvernement! Il faut bien donner du temps au temps, charmante formule, et d’ailleurs nous nous employons à la suivre à la lettre.
Nous sommes magnifiques. J’ai vu Sadok Ben Jemaa perdre son latin à l’une des tribunes de l’ATUGE, fou de rage pour protester contre la fermeture de l’Institut national de la productivité alors que le pays entendait mettre son industrie à niveau.
De toute façon, la colère du patriarche a été relayée par une sanction exemplaire. Davos nous a fait gicler de la compétition. Premier mai, jour de printemps! Oui, mais pas pour tous. Retroussons les manches les gars et mettons-y un bon coup. Nous qui avons un travail, avons grand besoin de sauver l’honneur. Créons plus de valeur pour faire une place à nos compatriotes qui attendent dehors.
Bonne fête à tous les méritants.