Areva et MHI vont construire la 2e centrale nucléaire de Turquie

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Areva (Photo : Kenzo Tribouillard)

[02/05/2013 12:23:07] ANKARA (AFP) La Turquie a attribué aux groupes nucléaires français Areva et japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) le marché de la construction de sa deuxième centrale, un contrat de plus de 15 milliards d’euros qui marque la relance du marché du nucléaire civil largement gelé depuis la catastrophe de Fukushima il y a deux ans.

Suggérée depuis plusieurs semaines, notamment dans la presse nippone, cette décision a été confirmée jeudi à l’AFP par un haut responsable du ministère turc de l’Energie, à la veille d’une visite officielle en Turquie du Premier ministre japonais Shinzo Abe.

Un accord intergouvernemental, qui marque le coup d’envoi des discussions commerciales exclusives entre les deux parties, sera signé à cette occasion en grande pompe à Ankara par M. Abe et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

Selon la partie turque, le consortium vainqueur prévoit la construction sur le site de Sinop, sur les bords de la mer Noire, de quatre réacteurs de moyenne puissance Atmea-1 (1.100 mégawatts) développé par leur coentreprise homonyme.

Il s’agit de la toute première commande décrochée pour ce réacteur, d’une puissance inférieure au réacteur EPR vendu par Areva à la Finlande et à la Chine, d’une puissance de 1.600 MW.

Selon le calendrier défini par les deux parties, le coup d’envoi des travaux de construction sur le site de Sinop devrait intervenir en 2017, pour une mise en service des quatre tranches étalée entre 2023/2024 et 2028.

Pour soutenir sa forte croissance économique, la Turquie a annoncé son intention de lancer la construction de trois centrales d’ici à cinq ans pour réduire sa dépendance à la forte croissance de l’énergie importée de l’étranger, notamment de Russie et d’Iran.

Ankara a conclu un accord en 2010 avec la Russie pour construire une première centrale à Akkuyu, dans le sud du pays.

La victoire du consortium franco-japonais constitue le premier contrat remporté par la filière nucléaire nippone depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, qui avait causé un gel de nombreux projets nucléaires dans le monde.

Savoir-faire

Cité indirectement dans l’édition de jeudi du quotidien économique japonais Nikkei, M. Erdogan a justifié le choix de son gouvernement par le savoir-faire des Japonais en terme de résistance aux tremblements de terre –la mer Noire est une zone à forte activité sismique– et à la technologie du français Areva.

Selon Nikkei, le chef du gouvernement turc a encouragé le consortium à participer à l’appel d’offres pour la construction d’une troisième centrale, probablement dans le nord-ouest du territoire turc.

“Il est de la responsabilité du Japon de partager son expérience et les leçons qu’il a tirées de l’accident de Fukushima et de contribuer ainsi à l’amélioration de la sécurité de l’énergie nucléaire dans le monde”, a pour sa part commenté M. Abe dans un entretien accordé au quotidien turc Milliyet.

Hormis Areva/MHI et le groupe chinois, de nombreuses sociétés étrangères s’étaient manifestées pour décrocher le marché de la deuxième centrale nucléaire turque. Des offres canadienne et sud-coréenne notamment ont été éliminées.

Le japonais Toshiba avait aussi soumissionné en association avec la compagnie d’électricité Tokyo Electric Power (Tepco), gérante de la centrale Fukushima Daiichi (nord-est du Japon), mais Tepco s’était retirée quatre mois après l’accident nucléaire.

Côté français, GDF Suez avait également déposé une offre en partenariat avec des groupes japonais. Selon la presse, ce groupe pourrait finalement être chargé de l’exploitation de la centrale construite par MHI et Areva.

Depuis le dépôt de l’offre des deux groupes, la partie nippone a été délibérément mise en avant pour négocier avec la partie turque.

La coopération nucléaire entre la France et la Turquie a été officiellement relancée en janvier mais leurs relations économiques restent difficiles en raison des crises diplomatiques qui ont agité les deux pays, notamment à cause du vote de lois françaises reconnaissant le génocide arménien ou réprimant sa négation.

Si l’accord entre la Turquie et MHI/Areva se concrétise, il serait l’un des rares grands contrats d’Etat attribués récemment par Ankara à une entreprise française.