Slovénie : sous pression, le pays se bat pour éviter une aide internationale

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à Ljubljana, le 21 mars 2013 (Photo : Jure Makovec)

[03/05/2013 18:59:12] LJUBLJANA (AFP) Le gouvernement de centre gauche slovène, en place depuis six semaines seulement, prépare fiévreusement un plan d’action pour éviter un recours à une aide internationale, une tache perturbée cette semaine par une sévère dégradation de la note du petit pays de la zone euro.

Le Premier ministre Alenka Bratusek doit livrer le 9 mai à Bruxelles un programme détaillé de réformes visant à assainir le système bancaire, stabiliser les finances publiques et relancer une économie entrée en récession en 2011.

L’exercice, déjà difficile, s’est encore compliqué après la relégation mardi de la note souveraine du pays dans la catégorie “spéculative” par l’agence de notation Moody’s.

L’annonce avait contraint le pays balkanique à suspendre provisoirement une émission obligataire en dollars.

Reprise dès le mercredi, l’émission d’un volume de 3,5 milliards de dollars s’est néanmoins avérée être un succès, avec une demande nettement supérieure à l’offre et des taux d’intérêt seulement en légère hausse.

Cela “prouve la crédibilité du programme de réformes du gouvernement et (sa capacité) d’accès aux marchés financiers internationaux”, a estimé vendredi le ministère des Finances

En avril, la Commission européenne a pressé Mme Bratusek de mettre en oeuvre rapidement les réformes votées par l’ancien gouvernement et d’introduire de nouvelles mesures.

Le secteur bancaire, qui croule sous les créances douteuses -7 milliards d’euros, soit 20% du Produit intérieur brut (PIB) selon le Fonds monétaire international- est le problème numéro un de la Slovénie.

Selon Moody’s, le gouvernement va devoir encore injecter de nouveaux fonds dans les banques, en grande majorité publique, représentant entre 8 et 11% du PIB du pays. Et pour cette agence, la probabilité que la Slovénie ait besoin d’une aide internationale a augmenté.

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ène Alenka Bratusek, à Ljubljana, le 26 avril 2013 (Photo : Jure Makovec)

Le gouvernement slovène de centre droit, tombé en février après des soupçons de corruption contre le Premier ministre Janez Jansa, avait fait voté une loi créant une “bad bank”, structure de défaisance devant rassembler les actifs toxiques des banques.

Dans le plan d’action, dont certaines mesures ont déjà été dévoilées par Mme Bratusek, cette “bad bank” doit entrer en vigueur en juillet. Les trois principales banques du pays, toutes publiques, auront besoin d’une recapitalisation d’au moins 900 millions d’euros d’ici à la fin de l’année, selon ses estimations.

“La Slovénie n’est pas Chypre”

Même si les spéculations contre ce pays de 2 millions d’habitants issu de l’ex-Yougoslavie ont redoublé après le sauvetage de Chypre, la situation des deux Etats diffère fortement.

“La Slovénie n’est pas Chypre. Les comparaisons sont complètement fausses et ignorent les fondamentaux économiques”, avait expliqué mi-avril Alenka Bratusek, dans une tribune au Wall Street Journal.

Le secteur bancaire ne constitue que 130% du PIB, alors que le secteur bancaire chypriote représente 800% du PIB de l’île.

Certes les finances publiques se sont dégradées. En 2012, le déficit public slovène s’est élevé à 3,7% du PIB, et le gouvernement table désormais sur 5% de déficit cette année.

Mais l’endettement total du pays, s’il augmente rapidement, reste bien en-dessous de la moyenne européenne. Il s’est établi à 54,1% du PIB en 2012, selon l’institut Eurostat, contre 90,6% pour la zone euro.

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étrangères russe (Photo : Jure Makovec)

Pour stabiliser le budget, le plan d’action prévoit de nouvelles coupes dans les salaires de la fonction publique, une augmentation de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ou encore la création d’un “impôt de crise” temporaire qui toucherait l’ensemble des citoyens.

Une ou deux entreprises publiques devraient également être privatisées, dont une banque, d’ici à la fin de l’année.

Mais le plan est critiqué dans le pays, certains y voyant un simple recyclage des mesures de l’ancien gouvernement.

Le programme est “beaucoup plus celui de Jansa, que celui de Bratusek”, indique à l’AFP le professeur d’économie de l’Université de Ljubljana, Maks Tajnikar. “Il s’agit toujours d’un plan d’austérité, qui est suicidaire selon moi, mais Bratusek visiblement n’ose pas opérer un changement par rapport à ce qui a été fait en Europe”, ajoute-t-il.