Le ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, a relevé, lors d’une conférence, tenue vendredi 3 mai au Bardo, sur la liberté d’expression à l’initiative de l’UNESCO, “un écart flagrant entre le degré de liberté en Tunisie et l’organisation du secteur de la presse”. Selon lui, la «réussite du processus de transition démocratique est tributaire de la contribution des médias à démasquer les exactions et les dépassements du passé et du présent”.
Il a également mis l’accent sur le rôle des médias dans la lutte contre la violence en période transitoire.
De son côté, l’ex-président de l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la Communication (INRIC), Kamel Labidi, s’est félicité de la décision du gouvernement de “lever l’embargo” imposé à la HAICA (Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle), créée en vertu du décret-loi n°116 de l’année 2011, dont la composition est annoncée vendredi et ce 18 mois après l’adoption de son texte fondateur, a-t-il fait remarquer.
“La liberté d’expression est un précieux acquis réalisé en Tunisie post-révolution, a-t-il constaté, mettant en garde contre les menaces sérieuses sur la liberté de l’information, dont l’inapplication du décret-loi n°116, l’opacité de certaines dispositions du projet de la nouvelle Constitution et le non-respect des normes internationales en matière des droits de l’homme et le maintien du statu quo en matière de nomination des responsables des médias publics.
Abdelkarim Hizaoui, directeur du Centre africain de perfectionnement des journalistes et des communicateurs (CAPJC), a mis l’accent sur le rôle de l’Etat dans la promotion de la liberté d’information en période transitoire, souhaitant voir les médias s’affranchir de l’emprise de l’Etat pour contribuer à sa libéralisation.
S’agissant de l’inscription du droit à la liberté d’information et de la liberté de la presse dans le texte de la nouvelle Constitution, le conférencier a affirmé que l’article 34 du projet de Constitution a apporté des restrictions liées à l’atteinte à la sécurité nationale, à l’intérêt général ou à la protection des données personnelles d’autrui, faisant remarquer que de telles restrictions, qu’importe leur forme, constituent une atteinte au principe.
Pour sa part, le président de l’Association tunisienne des directeurs des journaux, Taieb Zahar, a plaidé en faveur de la création d’une instance d’autorégulation composée équitablement de directeurs de journaux et de journalistes et un représentant de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH).
Quelque 90% des établissements médiatiques sont en cours de faillite, en raison de l’absence d’une répartition équitable et juste de la publicité publique, a-t-il précisé, affirmant avoir contacté auparavant la présidence du gouvernement pour demander la création d’une structure réglementant le secteur des médias chargée de répartir équitablement la publicité publique dans les plus brefs délais.
Le constituant Ahmed Méchergui (Mouvement Ennahdha) a affirmé que la Constitution en phase de rédaction, est un texte sujet à modification et amélioration, réaffirmant l’ouverture de l’Assemblée constituante sur les composantes de la société tunisienne, dont les journalistes. “L’Etat devrait intervenir non en tant que censeur et contrôleur de la liberté d’information mais plutôt en tant que promoteur et garant de cette liberté”, a-t-il soutenu, soulignant la nécessité de mettre en place un cadre matériel et logistique à l’exercice de ces libertés.
WMC/TAP