Un an après avoir entrepris de la vulgariser en Tunisie, la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT) a élaboré un plan d’action pour déployer le concept/label de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) parmi les entreprises tunisiennes.
«Que de chemin parcouru depuis la première conférence». En ouvrant, mardi 30 avril 2013, la deuxième conférence sur la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) –traitant de la «RSE, levier pour la compétitivité de l’entreprise tunisienne: défis et opportunités»-, Tarak Chérif, président de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT), ne s’est pas trop attardé à se féliciter des progrès accomplis dans l’introduction de la RSE dans le paysage tunisien. Car l’ambition de son organisation est aujourd’hui de faire de ce concept un label et de le déployer à grande échelle parmi les entreprises tunisiennes.
Le plan d’action élaboré à cet effet, et dont les grandes lignes ont été dévoilée lors de cette conférence, prévoit plusieurs actions durant la période 2013-2014: 3 demi-journées de sensibilisation (à Tunis, Bizerte et Sfax), pour «vulgariser le concept de RSE et le rendre accessible aux Petites et Moyennes Entreprises», deux sessions de formation pour les médias et les entreprises, la création d’une plateforme RSE Tunisie –qui sera bientôt opérationnelle- pour regrouper toutes les initiatives, publiques et privées, dans ce domaine-, le lancement d’une étude pour élaborer les termes de référence du label à créer, l’organisation d’un voyage d’études au Maroc pour prendre connaissance de l’expérience de ce pays en la matière, et inauguration d’une expérience pilote d’accompagnement de PME pour l’intégration de la RSE dans leurs stratégies.
Ces efforts ne seront pas de trop. Car, comme le rappelle Riadh Zghal, sociologie et professeur d’économie, en se basant sur des études de la GIZ, «la RSE a du mal à se mettre en place en Tunisie».
Une première étude menée en 2009 sur un échantillon de 39 entreprises a révélé que celles-ci cherchent à travers la RSE à «améliorer leur image de marque, la motivation du personnel et la satisfaction des clients et donneurs d’ordre». Mais une deuxième étude de la GIZ, datant de 2012, a démontré que 12 entreprises seulement sur les 39 ont maintenu leur engagement au pacte mondial de la RSE».
Considérée comme «un facteur de compétitivité et de développement durable», rappelle le président de la CONECT, la RSE «a un impact sur la motivation des employés, la perception qu’ont les investisseurs et la communauté financière de l’entreprise», et plus généralement elle est bénéfique pour le peuple et toute la planète, souligne Mme Riadh Zghal.
Mais, rappelle la sociologue et économiste, «comme l’adhésion (à ce concept) est volontaire, il appartient à l’entreprise/organisation de définir le contenu de la RSE». Alors, quelle RSE dans le contexte tunisien?, s’interroge ce professeur émérite.
Mme Zghal pense que dans le contexte tunisien, la RSE devrait avoir plusieurs objectifs prioritaires. Le premier d’entre eux est de corriger le déséquilibre entre régions en matière d’investissements privés. Ceux-ci sont en effet concentrés en majorité (83%) dans le nord-est et le centre-est, contre seulement 7,7% dans le centre-ouest, 4,01% pour le sud-ouest et moins de 3% dans le nord-ouest.
La RSE peut également et doit –deuxième objectif- aider à réduire le déficit entre les régions en matière de créateurs d’entreprises, et ce en développant la franchise et l’essaimage. Ceci hors de la sphère de l’entreprise.
A l’intérieur de cette sphère, la RSE devrait, selon Riadh Zghal, avoir pour priorités l’accroissement de la compétitivité de l’entreprise «en agissant sur l’innovation et l’amélioration de la performance», le renforcement du tissu économique national –«constitué de PME voire de très petites entreprises puisque 95% d’entre elles ont moins de 10 salariés»- en mettant en place une stratégie d’alliances, développer la collaboration avec l’université dans la recherche/développement, et s’interroger «sur la zone grise liant formel et informel» pour «amener l’informel vers le formel».