Atlantic Council, un think tank proche de l’armée américaine, analyse et compare les situations des armées tunisienne, libyenne et égyptienne, et invite les Etats-Unis à revoir –pour la consolider- leur coopération militaire avec les trois pays.
Très ancienne, la coopération militaire tuniso-américaine porte sur de l’assistance à l’approvisionnement, de la formation –y compris conjointe-, assistance dans la lutte anti-terroriste, et l’éducation. La Tunisie est d’ailleurs depuis 1994 l’un des vingt plus importants bénéficiaires de l’International Military Education and Traning (IMET), avec plus de 3.600 officiers formés –un programme constituant, d’après l’Atlantic Council, «un instrument de la sécurité nationale et de la politique étrangère américaines»- qui a contribué à introduire le professionnalisme dans l’armée tunisienne. Raisons pour lesquelles «il y a un grand soutien de la classe politique en Tunisie et parmi les militaires à la poursuite et au renforcement de l’engagement et de la coopération avec l’armée américaine», souligne le rapport.
Attachés eux aussi à la poursuite et au développement de cette coopération, les Etats-Unis ont accordé, après la chute du régime Ben Ali, 32 millions de dollars au titre de l’assistance militaire à la Tunisie, soit le double du montant que le pays recevait avant le 14 janvier», souligne le rapport. Washington y a ajouté 13 millions de dollars pour soutenir la sécurité maritime et frontalière du pays. Et lors d’une visite en Tunisie en juin 2012, le secrétaire à la Défense, Leon Panetta, avait promis une assistance supplémentaire pour renforcer les capacités du pays en matière de lutte anti-terroriste et celle… de l’administration civile de l’appareil de défense.
Car l’équipement n’est pas le seul domaine dans lequel l’armée tunisienne –qui a demandé à Washington des hélicoptères, des vedettes rapides et des équipements de communication- a besoin d’être renforcée. D’après le rapport de l’Atlantic Council, les capacités des responsables civils du ministère de la Défense ont également besoin d’être boostées.
D’après des diplomates occidentaux cités par le rapport, ces fonctionnaires –qui sont en train de s’adapter à la chute du régime Ben Ali et à l’absence d’une domination présidentielle de tous les aspects de la sécurité- ont du mal à exprimer les besoins du pays en matière de défense, compliquant ainsi la mise en place d’une assistance appropriée. Ces civils ont donc besoin de prendre de l’assurance et de jouer un plus grand rôle dans la formulation des stratégies et politiques nationales pour éviter de devoir s’en remettre aux militaires.
L’établissement d’un dialogue entre civils et militaires, notamment sur les exigences de la politique de défense, est, avec la reformulation des politiques de sécurité en direction des Etats en transition, le maintien de l’engagement dans le soutien à ce processus, et la «priorisation» de l’Egypte, de la Libye et de la Tunisie, l’une des quatre actions que l’Atlantic Council recommande à l’Administration Obama d’engager pour s’adapter aux changements en cours dans la région.