Le Portugal teste les marchés à long terme sous le regard de ses créanciers

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à Lisbonne (Photo : Henriques Da Cunha)

[07/05/2013 15:17:09] LISBONNE (AFP) Le Portugal testait mardi les marchés à long terme avec un premier emprunt à 10 ans depuis sa demande d’aide internationale, en 2011, au moment même où ses créanciers entament l’examen de nouvelles mesures de rigueur, vivement contestées dans le pays.

L’emprunt doit permettre au Portugal de lever 3 milliards d’euros à 10 ans, à 5,66% selon Dow Jones, un taux inférieur à celui de la dernière opération similaire, réalisée au taux de 6,76% en janvier 2011, quelques mois avant la demande d’aide internationale.

L’opération, qui consiste à se financer directement auprès de quelques banques sélectionnées d’avance, permet à Lisbonne de tester les investisseurs sans courir de trop grands risques.

A l’instar du ministre des Affaires étrangères Paulo Portas, le ministre portugais des Finances, Vitor Gaspar, s’est félicité de cette émission estimant qu’elle “était un grand succès” qui “normalise l’accès du Portugal aux marchés”.

“La demande a été supérieure à l’offre de plus de trois fois, ce qui veut dire qu’elle a atteint 9 milliards d’euros”, a-t-il déclaré aux médias portugais depuis Bruxelles, alors que l’agence de la dette doit communiquer en fin d’après-midi les conclusions de cette opération.

“Nous sommes parvenus à couvrir nos besoins financiers pour cette année”, a-t-il affirmé, ajoutant que l’agence de la dette (IGCP) présenterait dans les prochaines semaines sa stratégie pour permettre au pays “d’accéder pleinement aux marchés”, “une étape cruciale”, selon lui, pour “conclure avec succès le programme d’ajustement” de la troïka.

Cette émission intervient après l’adoption d’un nouveau train de mesures qui doit permettre au pays d’atteindre ses objectifs budgétaires et éviter un deuxième plan d’aide, malgré ses difficultés à assainir ses finances dans un contexte de crise économique.

Le lancement de l’emprunt coïncide avec une mission de la “troïka”, représentant la Banque centrale européenne, l’Union européenne et le Fonds monétaire international, pour évaluer les nouvelles mesures que le gouvernement a mis au point pour compenser celles que la Cour constitutionnelle a rejeté le mois dernier, les jugeant discriminatoires.

Le gouvernement s’était alors engagé à trouver rapidement une alternative pour respecter ses engagements de réduction des déficits.

Présenté la semaine dernière, ce nouveau plan de rigueur comprend notamment le report de l’âge du départ à la retraite à taux plein de 65 à 66 ans, un projet de contribution spéciale sur les retraites, le rallongement du temps de travail des fonctionnaires de 35 à 40 heures et un programme de départs volontaires pour réduire de 30.000 les quelque 700.000 postes de fonctionnaires.

L’approbation de ce nouveau programme est la condition pour que la troïka accorde une nouvelle tranche d’aide de 2 milliards d’euros dans le cadre du plan d’aide de 78 milliards d’euros dont le Portugal bénéficie depuis mai 2011.

Lisbonne espère en outre obtenir le satisfecit de ses créanciers avant la réunion de lundi prochain des ministres des Finances de la zone euro, au cours de laquelle l’UE doit donner son accord pour un allongement des délais de remboursement des prêts accordés au Portugal.

Les nouvelles mesures de rigueur doivent permettre de réduire de façon permanente les dépenses publiques de 4,8 milliards d’euros à l’horizon 2015. Elles font encore l’objet de négociations entre le gouvernement, les syndicats et l’opposition, comme l’exige la troïka qui considère le consensus politique comme un élément clé pour s’assurer du succès du plan d’aide.

Pour discuter de ce plan, le Premier ministre Pedro Passos Coelho a rencontré mardi matin Carlos Silva, le leader de l’UGT, qui avait signé en janvier 2012 une réforme du code du travail introduisant plus de flexibilité dans le secteur de l’emploi.

Toutefois, à l’instar de la CGTP, le principal syndicat portugais, l’UGT se montre de plus en plus critique sur la nouvelle cure d’austérité alors que l’économie doit reculer cette année de 2,3% et le chômage dépasser le taux record de 18%.

“Nous ne céderons pas sur les droits que nous estimons essentiels pour les travailleurs”, a dit Carlos Silva à l’issue de la rencontre, précisant que M. Passos Coelho lui avait indiqué que le gouvernement renoncerait à une taxe sur les retraites qui fait polémique y compris au sein de la coalition gouvernementale de centre-droit.