être utilisé dans une papeterie finlandaise (Photo : Olivier Morin) |
[08/05/2013 10:07:04] HELSINKI (AFP) La survie de l’industrie papetière en Finlande, traditionnellement l’un des piliers de l’économie du pays, passe par une réduction des capacités de production et la réussite de stratégies de diversification, selon les spécialistes du secteur.
Cette industrie emploie quelque 40.000 personnes, un chiffre qui a baissé de plus d’un tiers en une décennie, mais qui représente encore entre 1,5 et 2% des emplois du pays.
Les fermetures d’usines, surtout celles de papier d’impression, qui se sont multipliées ces dernières années en Europe, continuent. Pour une raison simple: les consommateurs plébiscitent internet et les supports numériques.
UPM-Kymmene, numéro un mondial du papier pour magazines, a annoncé en janvier la réduction de ses capacités de 850.000 tonnes en 2013, soit 7%. Sont concernées des installations en Finlande, en Allemagne et en France.
En février, Stora Enso, autre géant du secteur, décidait de réduire de 475.000 tonnes sa capacité de production de papier journal, avec dans le collimateur notamment des installations en Suède.
Et l’avenir est sombre, d’après les analystes financiers. “Il n’y a pas de changement significatif en vue”, a commenté pour l’AFP Harri Taittonen, de la banque Nordea.
La croissance doit être trouvée ailleurs. Stora Enso et Metsä Board (anciennement M-Real) misent beaucoup sur le secteur de l’emballage. “Il y a encore du potentiel, car le numérique ne fait pas concurrence et le carton est une bonne alternative au plastique”, a constaté M. Taittonen, rappelant que la demande grimpe au rythme de la croissance économique.
Stora Enso privilégie les investissements hors d’Europe. En Chine, le groupe va construire une usine intégrée de pâte à papier et de carton dans la province de Guanxi (Sud) pour quelques 1,6 milliard d’euros. En Uruguay, il a investi, avec le chilien Arauco, 1,3 milliard d’euros dans la construction d’une usine de pâte à papier géante.
Selon M. Taittonen, cette stratégie “augmentera la part du secteur emballages et pâte à papier dans le chiffre d’affaires, mais pas rapidement”.
La papeterie UPM-Kymmene de Pietarsaari, en 2009 (Photo : Olivier Morin) |
Les spécialistes du secteur doutent que les emballages puissent devenir un véritable vecteur de croissance.
La Chine par exemple a besoin de plus en plus d’emballages pour ses produits de consommation, mais “en même temps la production industrielle est en train de se déplacer vers l’Asie, alors il est plutôt question (pour les sociétés finlandaises) de maintenir leur niveau de production” que de croître, estime Lauri Hetemäki, directeur de l’institut Européen de la Forêt de Joensuu (est de la Finlande).
UPM mise sur la bioénergie, combinée à une stratégie d’expansion vers les marchés où la demande de papier augmente encore. La société a investi 400 millions d’euros pour construire à Changsu (Chine) une usine qui produira papier et étiquettes. Côté bioénergie, UPM bâtit à Lappeenranta (sud-sst de la Finlande) la première raffinerie au monde qui produira du biodiesel à partir de résine de pin. La valeur de l’investissement est de 150 millions d’euros.
Pour Henri Parkkinen, analyste chez OP-Pohjola, l’énergie et pâte à papier sont les deux secteurs qui ont “le plus grand potentiel de croissance” pour UPM.
Avec la crise économique mondiale, les cours des trois principales papetiers finlandais ont chuté lourdement à la Bourse d’Helsinki. Depuis mai 2007, l’action de Stora Enso a perdu 55%, celle d’UPM Kymmene 58% et Metsä Board 51%.
Après les résultats plutôt mitigés du premier trimestre 2013, les actions se sont maintenues. Celle de Stora Enso a même grimpé de 8,70% le 23 avril après la publication des résultats. “Les marchés avaient déjà anticipé les faibles perspectives de l’industrie, bien avant la publication des résultats du premier trimestre”, a expliqué M. Parkkinen.
Malgré la baisse de la demande, l’industrie papetière et forestière finlandaise a toujours un avantage: une ressource abondante. La Finlande compte plus de 4 hectares de forêt par habitant, environ dix fois plus que la moyenne européenne.
“Comment utilise-t-on les ressources forestières, et quels seront les produits finis à l’avenir” sont les deux questions cruciales pour l’avenir de l’industrie, a estimé M. Taittonen.
M. Hetemäki voit le secteur se transformer en Finlande un peu de la même manière que Nokia, le géant du téléphone portable et des équipements télécoms, qui après avoir supprimé tous ses emplois de cols bleus en Finlande a gardé les cols blancs.
“Peut-être la force de la Finlande va-t-elle se trouver dans les services liés aux multiples produits issus de la forêt”, a conclu M. Hetemäki.