à Genève (Photo : Fabrice Coffrini) |
[08/05/2013 16:09:04] GENEVE (AFP) Le choix du Brésilien Roberto Azevedo pour diriger l’Organisation mondiale du commerce a été accueillie avec beaucoup d’espoirs et quelques interrogations, espoirs de le voir sortir de l’impasse les négociations commerciales mais interrogations quant à sa distanciation vis-à-vis du protectionnisme du Brésil.
M. Azevedo a été officiellement retenu pour diriger l’OMC, a annoncé mercredi le président de la troïka chargée de la sélection des candidats, l’ambassadeur pakistanais Shahid Bashir.
Sa nomination formelle interviendra la semaine prochaine lors d’une réunion du conseil plénier des 159 Etats membres. Le choix de M. Azevedo pour remplacer le Français Pascal Lamy avait été annoncé mardi de sources diplomatiques. Ce choix se fait par consensus et non pas un vote.
“Il était en tête à toutes les étapes” de la sélection, a déclaré à l’AFP M. Bashir. Au troisième et dernier tour de la sélection, M. Azevedo, 55 ans, représentant du Brésil à l’OMC depuis 2008, était en compétition avec un poids lourd du commerce international, le Mexicain Herminio Blanco, 62 ans, qui avait été notamment le négociateur en chef du Mexique pour l’accord historique de libre échange nord-américain (Alena), signé en 1994.
Après l’annonce du choix, le Brésilien a reçu mercredi le soutien appuyé de l’ambassadeur américain Michael Punke. “Je pense que c’est une très bonne journée pour l’OMC”, a-t-il dit aux journalistes. “Nous sommes satisfaits de nous joindre à ce consensus et de soutenir Azevedo. Il fera un très bon Directeur général et nous comptons travailler avec lui”, a encore dit le représentant américain.
ésilienne Antonio Patriota le 7 mai 2013 à Brasilia (Photo : Evaristo Sa) |
Les Mexicains ont été beaux joueurs et ont salué la victoire de M. Azevedo. “Au nom du gouvernement du Mexique, je tiens à féliciter du fonds du coeur l’ambassadeur Roberto Azevedo”, a déclaré l’ambassdeur Fernando de Mateo. “Avoir un Directeur général issu de l’Amérique Latine est en soi un succès pour notre région et un pas positif pour l’organisation”, a–t-il dit.
Cela fait plus de quatre mois qu’avait commencé le processus de sélection du nouveau directeur général qui doit prendre, le 1er septembre pour un mandat de quatre ans, la succession de Pascal Lamy, 65 ans, au terme de son second mandat. Neuf candidats s’étaient présentés, la troika composé des représentants pakistanais, suédois et canadien consultant les Etats membres pour éliminer progressivement ceux qui recueillaient le moins d’adhésions.
Dès mardi le choix de M. Azevedo a été salué au Brésil. Sa désignation à la tête de l’OMC “révèle un ordre mondial en transformation” et constitue une victoire pour le Brésil, a estimé mardi le chef de la diplomatie brésilienne Antonio Patriota.
A Washington, les Etats-Unis ont assuré mercredi avoir “hâte” de travailler avec lui afin de bâtir une institution “solide” et “utile”.
“Les Etats-Unis sont heureux de s’associer au consensus ayant mené à la nomination de Roberto Azevedo comme nouveau directeur général de l’OMC”, a indiqué le représentant spécial au Commerce extérieur américain par intérim, Demetrios Marantis, dans un communiqué.
Même tonalité positive à Bruxelles: “au nom de l’UE, je tiens à adresser mes sincères félicitations à M. Carvalho de Azevedo. Une OMC forte exige un directeur général fort”, a affirmé le commissaire européen chargé du Commerce, Karel De Gucht.
D’après M. De Gucht, M. Azevedo a les qualités nécessaires pour sortir de l’impasse les négociations commerciales du cycle de Doha en panne depuis 2001.
“À cet égard, une première étape cruciale sera la prochaine Conférence ministérielle de l’OMC à Bali (en décembre) qui vise à obtenir des résultats” concernant la libéralisation “du commerce, de l’agriculture et un certain nombre de questions de développement”, a souligné le commissaire européen. “Un succès à Bali enverra au monde un signal important sur le rôle crucial de l’OMC et sur l’importance du système commercial multilatéral qu’il représente”, a ajouté M. De Gucht.
Quant aux penchants protectionistes du Brésil, M. Azevedo avait répondu par avance aux réserves en promettant qu’il ne serait pas “là pour défendre les intêrets brésiliens ou la politique commerciale du Brésil”.