ça, à Piracicaba le 10 avril 2013 (Photo : Nelson Almeida) |
[09/05/2013 08:05:21] PIRACICABA (Brésil) (AFP) La cachaça, eau de vie de canne à sucre et ingrédient fondamental de la “caïpirinha”, un cocktail très populaire dans tout le Brésil, est encore peu connue à l’étranger mais la donne pourrait bientôt changer maintenant que les États-Unis – le plus gros marché d’alcool au monde – la reconnaissent comme produit “d’appellation contrôlée”.
L’approbation américaine, le 11 avril, de la cachaça – quatrième alcool distillé le plus produit au monde -, a été saluée par l’Institut brésilien de cachaça (Ibrac), qui espère que le produit fera maintenant jeu égal avec le champagne et la tequila.
“Cela va nous aider à augmenter les investissements dans le marketing de la cachaça à l’étranger sur le long terme”, a déclaré le président de l’institut, Vicente Bastos, à l’AFP.
Les plus gros producteurs de cachaça et le gouvernement prévoient de financer des campagnes publicitaires modernes avant la Coupe du Monde de football 2014, en suivant le modèle de promotion du café colombien, ajoute M. Bastos.
L’an dernier, les ventes d’alcool de canne aux États-Unis n’ont totalisé que deux millions de dollars, à peine 10% des exportations mondiales totales, d’après l’Ibrac.
à Piracicaba le 11 avril 2013 (Photo : Nelson Almeida) |
Pour Ricardo Gonçalves, directeur de la compagnie Muller Boissons, qui produit la célèbre marque Cachaça 51, la reconnaissance américaine devrait permettre à son entreprise de doubler ses exportations.
Cachaça 51, qui représente 30% du marché brésilien, “est vendue sur les cinq continents et totalise 20% des recettes des exportations brésiliennes de cachaça”, ajoute-t-il.
Cette reconnaissance des États-Unis est le résultat d’un important lobby mené par la présidente Dilma Rousseff lors de sa visite à Washington, il y a un an. En échange, la Brésil a promis la même reconnaissance pour le bourbon et le whisky du Tennessee.
Un contrôle de qualité rigoureux
La promotion de la cachaça sur le marché étranger dépend maintenant d’un rigoureux contrôle de qualité, s’accordent à dire les producteurs.
La tâche sera remplie par le ministère brésilien de l’Agriculture et des centres de recherche, comme le prestigieux Collège de l’Agriculture Luiz de Queiroz, situé à Piracicaba, à 160 km de São Paulo.
“Ici, nous surveillons la qualité de la cachaça et tout le processus de fabrication, de la fermentation à la distillation et jusqu’au vieillissement en fût”, explique André Alcarde, professeur au Collège.
à Piracicaba, le 11 avril 2013 (Photo : Nelson Almeida) |
De son côté, le secteur privé envisage de créer un organisme indépendant avec les producteurs pour améliorer les normes de qualité.
“La cachaça est faite à base de jus de canne fermenté et distillé”, explique l’expert André Alcarde. Il ne faut surtout pas la comparer au rhum selon lui, “elle fait partie de la catégorie du cognac et du whisky”.
Produite peu après l’introduction de la canne à sucre au Brésil par les Portugais, en 1532, la cachaça était connue comme “l’alcool des pauvres” pendant l’ère coloniale, avant d’être adoptée par les classes plus aisées.
Aujourd’hui elle est principalement connue à l’étranger comme base de la caïpirinha, le fameux cocktail brésilien qui comprend aussi du jus de citron vert et du sucre.
Au Brésil, la cachaça se boit surtout pure et il existe plus de 5.000 marques dans le pays, premier producteur mondial qui distille 1,5 milliard de litres par an. Mais le géant sud-américain n’en exporte que 1%, vers l’Allemagne, le Paraguay, la Bolivie et les États-Unis essentiellement.
Vieillie dans des fûts en bois, la cachaça oscille entre 38 et 48 degrés d’alcool.
“Le problème de la cachaça, n’est pas sa teneur en alcool mais que c’est acide; c’est pourquoi on ajoute du citron, du sucre et de la glace”, explique André Alcarde. Sa qualité “dépend de comment elle a vieilli et du type de bois utilisé”.
“Chaque cachaça a un profil sensoriel et chimique différent”, souligne Aline Marques Bortoletto, étudiante en doctorat au College Luiz de Queiroz. “Le bois utilisé pour les fûts change complètement l’arôme et la couleur”, qui dépendent également du temps de maturation, entre trois et quinze ans.
Une bouteille de marque premium, comme Anisio Santiago, peut atteindre jusqu’à 750 dollars.