Selon une étude CCM Benchmark en partenariat avec le comparateur de vols «Skyscanner», la Méditerranée reste au top des destinations de voyages pour l’été 2013 sur le marché français malgré un recul de 2,7% par rapport à 2012. L’étude a porté sur un total de 4.950 personnes ayant un projet de vacances, dont 33% qui prévoient de partir à l’étranger cet été. La mauvaise nouvelle, c’est que la Tunisie sortirait du top 10 des destinations, alors qu’elle était en 6e position en 2012.
Loin de tout sondage, les réservations au 1er avril 2013 à partir de la France sont à -40% par rapport à 2012 et à -60% par rapport à 2010. C’est durant le séminaire des représentants à l’étranger, qui s’est tenu la semaine écoulée, que les chiffres ont circulé.
Du côté de l’aérien, les affrètements sont aussi en baisse (régulier comme charter) puisque les perspectives se situent à -24% par rapport à 2012.
La France est le premier marché du tourisme tunisien avec plus de 1,2 million de visiteurs annuellement sur les dernières années. Les derniers chiffres du tourisme certifient qu’au premier trimestre 2013, le nombre de touristes français en Tunisie a chuté de 17%.
En plus de relativiser ce sondage, faut-il s’en étonner? De pareilles perspectives au vu de l’actualité politique de la destination et du manque de communication et de réactivité de la part de l’administration, des professionnels et du gouvernement sont-elles surprenantes? Faut-il se stupéfier des retours négatifs des clients qui, une fois sur place, se lamentent sur l’état des hôtels et des zones touristiques, des modicités qui traînent et de diverses formes de pollutions sur les plages et dans les villes? Faut-il s’indigner des pages des réseaux sociaux et autres forums de voyages qui ne sont plus pleins que de réclamations, d’expressions de craintes quant à la sécurité, aux mauvaises prestations, à la prolifération des «beznessas»…?
On apprend que du côté du tourisme que la destination va s’offrir, à partir du 15 mai, une campagne de publicité en France menée par l’agence Publicis avec pour slogan: «Tunisie, libre de tout vivre». Qu’à cela ne tienne!
Reste à savoir ce que l’on peut réellement vivre aujourd’hui et maintenant en Tunisie, à part du séjour en bord de mer…! Les agences de voyage locales sont presque à l’arrêt et enregistrent des baisses considérables au niveau des prestations et autres options d’excursions et de circuits qu’elles peinent à commercialiser autant qu’à servir, tellement les rendre attrayants dans un contexte aussi morose est difficile.
Motus et bouche cousue sur les investissements qui sont à l’arrêt et les innovations dans le secteur qu’on attend en vain.
Le ministre tunisien du Tourisme, Jamel Gamra, était de passage à Paris la semaine écoulée. Il a tenté de rassurer tant bien que mal les opérateurs français et s’est engagé à «améliorer la propreté et la qualité des prestations qui se sont dégradées depuis 2010, à assurer la sécurité des visiteurs, à mieux répondre aux attentes de la clientèle et à promouvoir et communiquer sur la Tunisie». Des engagements qui ont plus besoin d’être matérialisés et constatés sur le terrain que d’être annoncés!
On dit souvent que la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Or la Tunisie a tous les atouts mais s’enlise dans l’incapacité de les valoriser. Jusqu’ici spécialiste du soleil et du séjour bon marché, la destination tente de diversifier son offre, mais à force de ne travailler que dans l’urgence, elle se coupe d’un travail de fond qu’elle n’a finalement presque jamais commencé.
A force de se poser une fois encore le même défi, celui de sauver la saison touristique 2013, ne continue-t-elle pas de s’enfoncer dans les mêmes problèmes liés à son image, à des produits vieillis, à un service médiocre? N’est-il pas venu le temps de casser ce cercle infernal qui est le meilleur prétexte pour ne pas mettre à plat, faire bouger et changer réellement les choses?
S’il est capital de sauver la saison autant qu’il était vital de sauver celles de 2012 et 2011; il ne fait aucun doute que la saison à venir, autant que les précédentes, fera l’objet des mêmes critiques ou autocongratulations. Selon que l’on voie le verre à moitié plein ou à moitié vide!
Mais les enjeux sont ailleurs. Hormis les belles déclarations, que fait-on pour sauver le tourisme tunisien? Qui payera la facture de cette phase de transition? Combien cela coûtera de remettre la machine en marche? Où trouvera-t-on l’argent? Combien de temps cela prendra-t-il? Qui en aura encore la volonté?