Un homme tient un billet de 5 euros, nouvelle version (Photo : Bas Czerwinski) |
[11/05/2013 12:21:04] LYON (AFP) Quatre nouveaux billets de cinq euros sur dix, en circulation depuis quelques jours, sortent d’une imprimerie auvergnate, première fabrique de billets d’Europe, choisie par la Banque centrale européenne pour assurer une grande part du renouvellement de ses coupures.
“L’activité de fabrication de billets est très secrète du fait de la nature même du produit, mais c’est un fleuron industriel de la France”, a expliqué à l’AFP Erick Lacourrège, en charge de la fabrication des billets à la Banque de France, propriétaire de cette imprimerie située à Chamalières, dans le Puy-de-Dôme.
Pour le renouvellement des coupures de cinq euros, le site auvergnat a été choisi parmi plusieurs imprimeries privées et publiques européennes en raison de son volume de production (entre 2,5 et 3 milliards de billets par an) et parce que “depuis plusieurs années, l’usine s’était spécialisée dans les petites coupures”, a indiqué Maxime Maury, directeur régional de la Banque de France en Auvergne.
Premier imprimeur public de billets en Europe, le site auvergnat assure ainsi chaque année 20% des commandes de la BCE, selon la Banque de France.
Le travail d’impression, qui mobilise près de 1.000 salariés, est précédé par celui des 250 papetiers installés à Vic-le-Comte, à une trentaine de kilomètres de Chamalières.
Des billets en coton, gage de leur “craquant”
Contrairement aux papeteries classiques qui utilisent le bois, le papier à billet est fabriqué à partir de balles de coton, récupérées par la Banque de France dans les rejets des filatures. “C’est ce qui donne le craquant (…) des billets”, a précisé Maxime Maury.
L’imprimerie de Chamalières, en périphérie de Clermont-Ferrand, avait été choisie après la Première Guerre mondiale “pour parer aux risques d’invasion du territoire puisqu’on se situe le plus loin possible de toutes les frontières”, a-t-il rappelé.
De nouveaux billets de 5 euros (Photo : Bas Czerwinski) |
Pour la nouvelle gamme d’euros, la Banque de France a investi 20 millions d’euros dans de nouvelles machines, rendant plus difficile le travail d’imitation des faussaires.
“Les gammes de billets sont renouvelées sur dix ans pour éviter la contrefaçon”, a expliqué Erick Lacourrège. Les usines de Chamalières et Vic-le-Comte vont assurer “une partie de la gamme de chaque billet” avec la sortie d’une nouvelle coupure prévue dans la zone euro chaque année.
Les nouveaux billets de cinq euros conservent leur couleur grise et leur format, mais sont agrémentés du portrait de la déesse Europe, qui permet d’inclure de nouveaux signes de sécurité.
Pascal Favard, secrétaire de la section CGT à Chamalières, a craint que les “besoins très forts d’investissement, surtout pour les grosses coupures”, n’amènent “les prémices d’une privatisation” à la papeterie de Vic-le-Comte.
“L’usine a des commandes jusqu’à fin 2014”, a assuré quant à lui Maxime Maury, certain de l’avenir de l’imprimerie, qui est l’un des 20 plus gros employeurs en Auvergne selon l’Insee. “Cela va permettre de remplacer 200 départs à la retraite dans les années à venir”, a-t-il relevé.
Le syndicaliste Pascal Favard est lui inquiet du “non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux”. Il a connaissance du “plan de charge bien fourni”, mais déplore que les employés de l’imprimerie soient “de moins en moins nombreux pour faire de plus en plus de travail”.
Les deux usines jouent en effet un rôle important dans une région où l’emploi industriel a diminué de 20% entre 2001 et 2012, avec une chute à partir de 2008, à l’unisson de la tendance nationale dans l’industrie.