Les trois présidences ont convenu, samedi dernier, à l’ouverture du dialogue national sur la relance de l’économie, de la nécessité d’accélérer la réconciliation avec les hommes d’affaires soupçonnés de corruption et de régulariser leurs situations dans le cadre de la justice.
Ces hommes d’affaires représentent, selon le président de la République provisoire, Moncef Marzouk, une minorité dont le taux ne dépassent par les 0,4% de l’ensemble de cette population. «L’on ne peut demander des comptes à tous les hommes d’affaires pour les dépassements d’une minorité» a-t-il précisé. «Nous sommes déterminés, a-t-il ajouté, à faire avancer le dossier de la corruption et de la restitution des biens spoliés d’où la nécessité d’engager tout de suite et dans le cadre d’un consensus national, un mécanisme de réconciliation avec les hommes d’affaires soupçonnés de corruption dans le cadre de la transparence et du respect de la justice et des lois».
Commentant les évènements de Mont Chaâmbi, le président de la République provisoire a affirmé qu’il s’agit «d’une tentative désespérée pour ébranler la stabilité politique du pays, notant que ses «instigateurs» auront à faire face à une armée, des forces de sécurité et un peuple invincibles.
La future Constitution sera consensuelle
Pour M. Marzouki, la solution radicale au phénomène (du terrorisme) «réside aussi bien dans le traitement sécuritaire, que dans une bataille culturelle et de pensée contre le terrorisme».
De son côté, le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, a tout d’abord répondu au cri des présents «Constitution, constitution», que ce texte fondamental sera adopté par l’Assemblée au cours du mois de juillet prochain, à la majorité de deux tiers. Elle sera, a-t-il affirmé, «une Constitution consensuelle à même de satisfaire tous les Tunisiens».
Il a souligné l’importance de tourner la page du passé et de résoudre le problème des hommes d’affaires interdits de voyager pour des soupçons de corruption afin de conforter les investisseurs tunisiens disposés selon ses propos, à «faire des sacrifices».
Il a annoncé qu’un accord commercial préférentiel sera conclu, durant les semaines prochaines, entre la Tunisie et l’Algérie ce qui devrait ouvrir de nouvelles perspectives devant les hommes d’affaires tunisiens.
Le chef du gouvernement provisoire Ali Larayedh, a fait savoir que la situation des hommes d’affaires soupçonnés sera régularisée dans le cadre de la justice, appelant tous les hommes d’affaires à contribuer aux programmes sociaux (logement social) menés par l’Etat.
M. Larayedh a indiqué que des concertations sont actuellement en cours avec les hommes d’affaires sur le projet du partenariat public/privé (PPP) et le code de l’investissement, qui sera au centre d’une consultation nationale élargie.
Il a noté que le pays s’achemine vers l’adoption d’un agenda politique plus claire en dépit des tiraillements politiques grâce à la réalisation d’un consensus sur une constitution d’un Etat civil et le progrès réalisé en ce qui concerne la formation des instances chargées de la justice, de l’information et des élections dont l’organisation est prévue entre mi-novembre et mi- décembre prochains.
Il a souligné le progrès enregistré au niveau social, estimant que le climat social s’oriente vers davantage de stabilité, grâce au dialogue entre les organisations sociales.
Le modèle néolibéral a rendu l’âme
Pour sa part, le secrétaire générale de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Houssine Abassi, a estimé que «le modèle de développement néolibéral adopté en Tunisie depuis le milieu des années 80, dans le cadre du Programme d’ajustement structurel (PAS), a rendu l’âme, lorsque les jeunes de la révolution scandaient des slogans sur l’emploi, le développement et la justice sociale».
La réalisation d’un rythme de croissance, d’investissement et d’emploi plus accéléré nécessite la révision de ce modèle, et l’adoption d’un modèle à même de répondre aux exigences d’une économie du marché efficace et à conditions décentes d’emploi, de production durable, du respect de l’environnement et de la croissance équilibrée, a-t-il ajouté.
M. Abassi a indiqué de l’UGTT est convaincue qu’aucune solution de la situation économique et sociale Difficile n’est concevable sans l’envoi de messages rassurants à toutes les parties afin d’assainir le climat politique, éloigner le spectre de la violence et éviter les tiraillements sur la rédaction de la constitution et le respect des libertés, a-t-il conclu.
Le dialogue national sur la relance de l’économie organisée samedi à l’initiative de l’UTICA, constitue, selon la président de cette organisation patronale, Wided Bouchamaoui, le rendez-vous de la dernière chance pour réformer ce qui peut l’être, encore, avant qu’il ne soit trop tard”.
D’après elle, “les difficultés économiques se sont exacerbées au cours de la dernière période jusqu’à atteindre un seuil intolérable, alors que les indicateurs relatifs aux fondamentaux de l’économie nationale ont reculé de façon effrayante, annonçant de plus grands dangers”.
Par ailleurs, le président de la Commission de confiscation, Nejib Hnane, avait appelé, vendredi, à promulguer des législations réglementant la réconciliation avec 400 hommes d’affaires tunisiens interdits de voyager. Leur poursuite pénale nécessite environ 20 ans, ce qui portera atteinte à l’économie nationale, selon ses dires.
La Tunisie dont l’économie est minée par une transition politique difficile, fait face à la montée du terrorisme dont les évènements en cours au Mont Chaambi ont fait des blessés graves parmi les militaires et les gardes nationaux.
WMC/TAP