Tunisie – Dialogue national pour la relance de l’économie : Oui pour la liberté du travail, et oui pour la constitutionnalisation du droit de grève

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Les priorités de Hassine Abbassi, secrétaire général de l’UGTT, ne sont pas les mêmes que celles de Wided Bouchamaoui, même si elles se rejoignent s’agissant de la préservation des emplois, des droits syndicaux, de celui de la grève ainsi que celles de la liberté du travail, Comme l’ont redit et redit, les deux premiers responsables des centrales patronale et ouvrière lors de la journée intitulée «Dialogue national pour la relance de l’économie», organisée samedi 11 mai.

«Les problématiques socioéconomiques qui préoccupent au plus haut degré les syndicalistes sont la flambée des prix, la croissance du chômage ainsi que la marginalisation et la précarité qui sévissent toujours dans les régions. Le climat sécuritaire laisse aussi à désirer, à voir de près la violence qui sévit dans le pays et illustrée par les derniers événements perpétrés à Kasserine par des foyers terroristes».

Hassine Abbassi a fustigé le gouvernement à cause de son incapacité à maîtriser la montée des prix des produits agricoles et ce malgré les grandes récoltes réalisées lors des deux dernières années.

Il a également appelé à mettre fin aux mauvaises pratiques instaurées par des personnes dénuées de toute morale et usant de la spéculation et du monopole comme moyens pour l’augmentation des prix et la saturation des marchés.

Le SG de l’UGTT a rappelé que le taux d’inflation avait atteint au mois d’avril les 6,4% et s’est élevé pour certains produits à 7 et 8%. «Lorsque nous savons que la révolution a été déclenchée pour défendre le droit des Tunisiens à la liberté, à la dignité et à un travail décent, nous ne pouvons comprendre une hausse du chômage de 18% et un taux de paupérisation qui a atteint, dans certaines régions du pays, les 50%. J’estime qu’il est grand temps de revoir le modèle économique de la Tunisie».

Hassine Abbassi a tenu à préciser que le climat social de 2012 a été beaucoup plus calme que celui de l’année qui l’a précédée. Les grèves ont reculé de 8% et les jours de travail perdus de -22% tout comme le nombre des participants aux grèves. Il a observé que, dans pareille situation, l’UGTT n’a pas d’autre choix que de défendre les intérêts des travailleurs autant qu’elle saisit la délicatesse de la conjoncture en Tunisie et comprend les difficultés que traversent les entreprises.

M. Abbassi a déploré les difficultés procédurales et légales qui empêchent les entreprises de se remettre en selle et principalement celles qui traversent des difficultés causées par la crise économique internationale et la conjoncture nationale. Il a regretté la lenteur avec laquelle sont traités les dossiers économiques nationaux tels ceux des régions et de l’emploi et les conséquences néfastes des décisions prises de manière unilatérale en matière de nominations et de désignations de hauts commis de l’Etat.

Il a condamné l’absence de gouvernance et de transparence relatives aux indicateurs économiques, ce qui pousserait, selon lui, à douter de toutes les informations qui concernent les taux de chômage et de croissance.

Il a également estimé utile d’informer les Tunisiens des détails du prêt accordé par le FMI à notre pays et son impact sur les équilibres économiques fondamentaux ainsi que les raisons réelles des baisses récurrentes des agences de notation nous concernant.

Le SG de l’UGTT a terminé en appelant à l’assainissement du climat politique en le dissociant des débats stériles et de la violence pour parvenir à rédiger enfin la Constitution. «Ce sont autant de messages que nous aimerions faire parvenir à toutes les composantes de la société civile, partis politiques compris, et qui doivent aller dans le sens de l’indépendance de certaines institutions et qui doivent inciter à la rédaction d’une Constitution digne des ambitions du peuple tunisien et de ses attentes».