La présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui, a affirmé, samedi dernier, que “le dialogue national sur la relance de l’économie est le rendez-vous de la dernière chance pour réformer ce qui peut l’être encore, avant qu’il ne soit trop tard”. Car, “les difficultés économiques se sont exacerbées au cours de la dernière période jusqu’à atteindre un seuil intolérable, alors que les indicateurs relatifs aux fondamentaux de l’économie nationale ont reculé de façon effrayante, annonçant de plus grands dangers”.
Le dialogue national a démarré samedi 11 mai au siège de l’UTICA, en présence des trois présidences, avec la participation massive des hommes et femmes d’affaires, mais, aussi de députés de l’ANC, de plusieurs membres du gouvernement et des représentants des partis politiques, de la société civile, des banques et de nombreux économistes.
Revoir les priorités…
Mme Bouchamaoui considère que “la situation actuelle exige de revoir les priorités loin des intérêts étroits ainsi que le solutionner plusieurs problématiques économiques” relevant que “la démocratie n’a pas de sens lorsque la situation économique est mauvaise et que le citoyen ne peut subvenir à ses besoins essentiels”.
Elle s’est interrogée sur les raisons de blocage de la plupart des grands projets et du financement des projets de nouveaux promoteurs, notamment, dans les régions intérieures, pointant du doigt “le sort de certaines professions et petits métiers de l’artisanat, menacés de faillite”.
La présidente de la centrale patronale a évoqué l’accroissement des opérations de contrebande, lesquelles représentent un problème majeur qui, outre, la destruction de l’économie nationale, permet d’introduire dans le pays des armes, des drogues et des monnaies étrangères, ce qui a amplifié les dangers qui menacent la sécurité de la Tunisie et sa stabilité.
L’UTICA a plusieurs fois attiré l’attention, a-t-elle poursuivi, “sur la situation économique difficile et dangereuse résultant de la dégradation de la situation sécuritaire”, évoquant les événements très graves qui se déroulent à Djebel Chaambi, ce qui envoyé une image effrayante de la Tunisie, pouvant avoir des effets catastrophiques si nous nous agissons pas ensemble pour stopper la violence et le terrorisme”.
Elle a estimé que «le retour de l’économie nationale à un rythme normal le plus rapidement possible, nécessite la conjugaison des efforts de tous les tunisiens et de toutes les sensibilités politiques, économiques et sociales et les composantes de la société civile».
La bataille doit être menée contre le chômage, la pauvreté, la marginalisation
Cette reprise est conditionnée, d’après Mme Bouchamaoui, “par une stabilisation de la situation sécuritaire et la garantie de conditions propices à l’activité économique. Elle nécessite, également, l’arrêt des mouvements sociaux anarchiques et non encadrés ainsi que des fermetures de routes qui perturbent l’activité des entreprises et des services publics et provoquent même la fermeture de plusieurs sociétés. De fait, de nombreux investisseurs étrangers ont quitté la Tunisie, pour s’implanter dans des pays concurrents”.
Elle a ajouté que “l’UTICA a appelé, dans ce contexte,à inclure le droit de la liberté du travail dans la nouvelle constitution”, avançant que la lutte n’est pas aujourd’hui, “entre le chef d’entreprise et le salarié ou entre l’UTICA et l’UGTT, ou encore entre la centrale syndicale et le gouvernement, mais la véritable bataille doit être menée contre le chômage, la pauvreté, la marginalisation, le dénuement…. pour créer de la richesse et non se battre pour son partage”.
“Il est difficile de relancer l’investissement national et attirer les investisseurs étrangers en l’absence d’un agenda politique clair. Il faut fixer le calendrier électoral, achever l’élaboration de la constitution et mettre fin aux tensions politiques et religieuses pouvant mener à une scission au sein de la société”.
Elle a jugé que les hommes et les femmes d’affaires font l’objet de campagnes de dénigrement touchant leur honneur et allant jusqu’à les criminaliser, demandant l’arrêt de ces campagnes et leur réhabilitation.
Les chefs d’entreprise ont ovationné le discours de la présidente de l’UTICA, qui a mis le doigt, selon eux “sur leur maux et exprimé à haute voix les problèmes qui menacent la pérennité du secteur privé”.