Zone euro : la récession se poursuit, la France décroche

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éen flotte à Strasbourg (Photo : Georges Gobet)

[15/05/2013 16:03:33] BRUXELLES (AFP) L’horizon s’est obscurci mercredi pour la zone euro, qui est restée en récession au premier trimestre alors que la France y entrait avec un nouveau recul de son PIB de 0,2%.

Selon une première estimation de l’office européen des statistiques Eurostat, le Produit intérieur brut de la zone euro s’est replié de 0,2% au premier trimestre, après une baisse de 0,6% au trimestre précédent.

C’est plus mauvais qu’attendu: la plupart des analystes interrogés par Dow Jones Newswires tablaient sur une baisse de 0,1%. Sur un an, le PIB a enregistré une baisse de 1% dans la zone euro.

Le froid, facteur de ralentissement

L’activité a “probablement été affectée par l’hiver difficile”, estime Peter Vanden Houte, de la banque ING, une situation qui a notamment pesé sur la performance de l’Allemagne, première économie de la zone euro.

Alors que les analystes tablaient sur une croissance de 0,3%, Berlin a dû se contenter d’une reprise timide avec un PIB en hausse de 0,1% au premier trimestre. L’économie allemande s’est contractée de 0,7% sur les trois derniers mois de 2012.

A cette déception est venue s’ajouter l’entrée officielle en récession de la France, considérée par certains comme le nouvel “homme malade de l’Europe”. Le PIB s’est replié de 0,2% au premier trimestre, après une contraction de même ampleur au dernier trimestre 2012.

Croissance française nulle en 2013 ?

“Il est probable que la croissance sera nulle en 2013”, a estimé le président français François Hollande à Bruxelles, où il a rencontré mercredi l’ensemble de la Commission européenne.

Le chef de l’Etat français a toutefois récusé le fait que son pays soit l’homme malade de l’UE. “Il y a une récession en France comme dans toute l’Europe”, a-t-il souligné.

La récession est profonde en Italie et en Espagne, où le PIB s’est replié de 0,5% sur les trois premiers mois de l’année. Ancien bon élève de la zone euro, les Pays-Bas sont, eux aussi, en récession, avec un PIB en baisse de 0,1% au premier trimestre, selon Eurostat.

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çois Hollande (d) et Jose Manuel Barroso à Bruxelles, le 15 mai 2013 (Photo : Bertrand Langlois)

En outre, “l’annonce de la récession (en France) doit être regardée comme l’annonce de ce qui vient de se produire, pas de ce qui va se produire”, a plaidé M. Hollande. “Je considère que nous avons passé le moment le plus difficile”, a-t-il indiqué, tout en jugeant nécessaire de faire plus pour la croissance.

Consommation: les ménages déprimés

Un constat confirmé par plusieurs économistes. Mais “il ne faut pas trop attendre de la demande intérieure dans les mois qui viennent”, a prévenu l’analyste d’ING. “A l’exception de l’Allemagne (…) la consommation des ménages devrait rester déprimée dans la zone euro, en raison de l’austérité et de la flambée du chômage”.

Au mieux, le PIB de la zone euro pourrait se stabiliser au deuxième trimestre avant une reprise plus nette dans la deuxième partie de l’année. “Il est impératif que les dirigeants de la zone euro conservent leur élan pour renforcer l’Union économique et monétaire avec la mise en place de l’union bancaire” notamment, souligne l’analyste.

Autre voie de salut: la Banque centrale européenne (BCE), suggère Howard Archer, économiste pour IHS Global Insight. L’institut monétaire pourrait, selon lui, faire plus pour les petites et moyennes entreprises ou baisser une nouvelle fois son principal taux directeur, qui évolue déjà à un niveau historiquement bas. Deux scénarios évoqués par la BCE.

La France plaide, de son côté, pour que Bruxelles desserre la bride de l’austérité afin de ne pas “ajouter l’austérité à l’austérité”. Son message a été en partie entendu puisqu’elle a obtenu de la Commission européenne un délai de deux ans pour ramener son déficit public en-dessous de la barre des 3%, soit en 2015. Cette décision doit encore être confirmée.

Mercredi, M. Hollande s’est engagé en contrepartie à poursuivre les réformes en faveur de la compétitivité. “Nous avons été loin, mais nous avons encore à nous réformer. Il nous reste à faire une réforme de la formation professionnelle, de l’indemnisation du chômage. La précédente réforme des retraites n’a pas suffi”, a-t-il admis.