Le patron de la filiale russe de la Société générale inculpé pour corruption

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à Moscou, le 15 mai 2013 (Photo : Kirill Kudryavtsev)

[16/05/2013 09:47:46] MOSCOU (AFP) Le patron de Rosbank, la filiale russe de la Société Générale, a été inculpé jeudi de corruption après avoir été arrêté la veille, a indiqué le comité d’enquête.

Vladimir Goloubkov “a exigé, par l’intermédiaire de sa subordonnée Tamara Polianitsyna, plus d’un million de dollars du représentant d’une société commerciale pour allonger le délai de remboursement et baisser les intérêts sur un crédit de plusieurs millions de dollars”, souligne le comité d’enquête dans un communiqué.

“Il a obtenu cette somme au cours des années 2012-2013 par plusieurs tranches”, selon la même source.

M. Goloubkov et Mme Polianitsyna, vice-présidente de l’établissement, ont été arrêtés par les forces de l’ordre “lors de l’obtention de la dernière tranche de 5 millions de roubles (123.000 euros), ajoute le comité d’enquête.

Ils sont inculpés aux termes de l’article 204 du code pénal russe qui prévoit jusqu’à 7 ans de prison et des amendes allant jusqu’à 70 fois le montant du pot-de-vin exigé.

Le ministère de l’Intérieur a expliqué mercredi que la police, alertée par le client auquel était réclamé le pot-de-vin, avait pris en flagrant délit la vice-présidente de Rosbank alors qu’elle recevait 5 millions de roubles.

Le nom du client n’a pas été révélé.

Cette affaire porte un coup dur à la Société Générale, l’une des dernières banques étrangères encore présentes sur le marché russe, déserté ces dernières années par plusieurs établissements occidentaux.

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à Moscou, le 15 mai 2013 (Photo : Kirill Kudryavtsev)

La banque française détient plus de 82% de Rosbank, qui est le deuxième réseau bancaire russe, et son deuxième réseau après la France.

Certains experts et médias ont émis des hypothèses selon lesquelles M. Goloubkov a été “piégé”.

“Le patron de Rosbank a pu être piégé. Des représentants de l’Association des banques régionales sont convaincus que le dirigeant d’un établissement important n’aurait pas pris de pot-de-vin”, écrit le quotidien pro-Kremlin Izvestia.

Un banquier occidental, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a suggéré mercredi que l’arrestation du dirigeant de Rosbank pouvait relever de pressions exercées avec l’appui des forces de l’ordre.

“Soit une personne a des vues sur la banque, soit elle veut que le président soit évincé”, a-t-il estimé.

L’avocat du banquier, Dmitri Kharitov, a pour sa part déclaré que les procédures avaient été violées lors de l’arrestation de son client “sans ordre, ni enquête criminelle”.

“Il n’a pas mangé, pas bu, pas dormi, mais les procédures n’ont commencé qu’à 06H15. C’est une torture”, a déclaré l’avocat sur la radio Echo de Moscou.

Rosbank a plus de 3 millions de clients dans 340 villes russes.

En termes d’actifs, c’est la 10e plus grande banque commerciale russe, selon l’agence de cotation indépendante Rus Rating.

L’agence a annoncé jeudi avoir baissé la note de Rosbank.